80 LA NOUVELLE MACÉDOINE IOUGOSLAVE. même, enfoui dans un fourré de peupliers, de saules, près de ces maisons de briques crues, couvertes jadis de chaume et aujourd’hui de tuiles, eut son puits foré, souvent par les soins, parfois avec l’argent des paysans eux-mêmes, qui comprennent la nécessité de l’eau pure : ainsi, dans la banlieue de Strouga, à Vranichté (4 km. N. de Strouga), à Lojani (6 km. N.), à Draslavitsa (5 km. N.-N.-E.), à Morouichté (3 km. N.-N.-E.), à Misléchévo (2 km. N.-E.), et trois puits dans Strouga même. Or, l’entreprise fut malaisée : l’eau est atteinte à 56, à 70 mètres, parfois à 94 mètres seulement. Même travail dans la Pélagonie centrale, surtout pour les villages des marais de la Tserna. A l’Est de Bitolj, la plaine, souvent sèche durant l’été, est un bourbier dès l’automne. Au milieu même, les marais ne disparaissent jamais : la route qui va vers l’Est est construite sur pilotis. Là sont cependant des villages, misérables ensembles de chaumines jadis, qui aujourd’hui revivent autour de leur fontaine. On est allé chercher une nappe artésienne jusqu’à 34 mètres à Brod (20 km. S.-E. de Bitolj), à 52 et 55 mètres à Medjidli et Kénali (13 et 15 km. S.-S.-E.), à 80 mètres à Ribartsi (11 km. E.), à 88 mètres à Tern (7 km. N.-E.) : c’est tantôt une eau sulfureuse qui jaillit (Ribartsi), et tantôt une eau ferrugineuse, qui rougeoie les fontaines du Sud, de Kénali ou de Médjidli. Ailleurs, ce sont de simples puits, des sources aménagées, des fontaines de villages, de petits aqueducs, qui amènent l’eau pure d’une rivière ou d’une source voisine. Le service des eaux en a construit une quarantaine, dont le coût total s’est élevé à 6 843 000 dinara. L’Etat n’a pas lésiné dans ce pays délaissé par le gouvernement ottoman durant la paix, par le gouvernement bulgare durant la guerre. Et il faut ajouter à cette œuvre des ingénieurs l’œuvre identique des médecins, qui se sont faits, en maints endroits, les conseillers des maires, des communautés paysannes. Souvent les ruraux, par une contribution volontaire, font tous les frais d’une installation. Les rapports du service d’hygiène ne comptent pas moins de 24 puits, 5 pompes, 18 aqueducs construits sous la •direction des « Maisons de santé » jusqu’en 1927, sans oublier naturellement les bains scolaires et populaires des dispensaires et des cliniques. D’autres projets se réaliseront, en particulier la construction d’aqueducs, le drainage du Iéjévo polié, où fut bâtie et abandonnée Nova Batania, à laquelle la Zlétovska réka, affluent de la Brégalnitsa, doit fournir l’eau nécessaire pour irriguer 800 hectares. Aujourd’hui, il n’est guère de villages de ces plaines malsaines qui n’ait sa fontaine, ses conduites d’eau, de ciment armé pour la plupart. Même dans la montagne, pour le moins sur les routes passagères, de place en place, les sources sont aménagées, préservées des souillures, barricadées et cimentées. Ainsi, tout le long de la Radika, sur la route de Gostivar à Débar, où l’armée surtout a travaillé. De même dans la vallée de la Babouna, entre Izvor et Vélès. Pour la seule amenée des eaux de la région de Skoplié, on a posé pour plus de 2 millions de dinara en conduites d’eau : don de l Ëtat iougoslave aux villages de Macédoine. La lutte contre les maladies sociales. — Si le paludisme est le grand fléau de la Macédoine, nous avons vu qu’il n’est point le seul. Les maladies épidémiques sont nombreuses, qu’il faut s’efforcer non de guérir, mais de prévenir. Et on ne les prévient pas seulement en soignant par avance l’homme, mais en