152 LA NOUVELLE MACÉDOINE HELLÉNIQUE. plés par l’arrivée de colons nouveaux ; quelques types neufs, comme Philippes, aux bords mêmes des marais ; sur la côte de l'Égée, les petites anses, séparées par des caps rocheux, ont gardé leurs villages de pêcheurs avec d’autres habitants. Tout au plus des quartiers neufs juxtaposent-ils les réfugiés aux indigènes : ainsi à Néa Carvali (8 km. E. de Cavalla) ou Néa Péramos (14 km. S.- E.). Si nous nous portons maintenant sur le pourtour de l’immense marais de Giannitsa, la carte (v. pl. XLII-XLII1) semble toute différente : d’abord la platitude monotone, où dominent les cotes de 15 à 25 mètres particulièrement à l’Est entre le Vardar et les marais, au Sud entre les marais, l’Haliacmôn et la mer. Si l’on compare cependant une carte d’avant-guerre, celle de I’État-major autrichien, et une carte d’aujourd’hui, comme celle de l’Ëtat-major hellénique, on voit tout de suite la différence. Voici, maintenant, accouplés aux anciens villages, parfois même sur des emplacements totalement vides autrefois, les villages de colons, réguliers, tracés au cordeau : en plein delta, à 12 kilomètres de la mer, le village de Néa Malgara en deux quartiers distincts et nets. Au carrefour de la route qui, de Salonique bifurque soit vers Verria soit vers Giannitsa, dans un endroit jadis désert, s’élève maintenant le village de Filèros. Plus au Nord Anô Coufalia (Coufalia le Haut) sur une petite éminence qui, à 38 mètres, domine la rive droite du Vardar (5 km O. du fleuve), double dans sa régularité le vieil, pauvre et difforme hameau de Catô Coufalia (Coufalia le Bas). Néa Pella, village de colons, s’accote à 3 kilomètres à l’Ouest à la misérable Pella, et ses chau-mines, héritières délaissées de la capitale d’Alexandre1. Plus au Nord, dans cette conque ruisselante qu’est la Mogléna des Slaves, la Karadjova des Turcs, dont les Grecs ont fait l’arrondissement d’Enôtia (v. pl. XLIV), aux pieds des hautes cimes neigeuses, qui portent des noms devenus célèbres par les combats de 1916-1918, le Kaïmaktchalane, le Dobropolié, mais surmontant la plaine marécageuse, de tout temps encore la terre irriguée donna de bonnes récoltes : maïs, légumes, coton. Partout, aux bords des ruisseaux, des canaux d’irrigation, les villages se disséminent : les noms grecs ont seulement remplacé les noms turcs d’avant 1912 : entre la vallée de la Moglénitsa (Cara) et le lac d’Ostrovo les centres se succèdent sur la trouée de la Voda, profitant des moindres recoins ouverts, évitant les gorges ; au Nord de même, sur toutes les pentes orientées à l’Est et au Sud, les villages s’étagent entre 140 et 300 mètres, conservant la vieille organisation qui se partage régulièrement l’eau descendant des cimes : six jours pour le village de la source, puis six jours pour le village moyen, six jours enfin pour le village d’en bas ; ainsi fait-on du 1er juin au 30 septembre2. La transformation est plus saisissante encore dans les environs immédiats des villes. Sans parler des gros bourgs reconstruits de leurs ruines, comme Kil-kis, détruit maintes fois durant les guerres balkaniques et qui maintenant masse ses quartiers carrés, comme les faubourgs mêmes de Salonique, la banlieue urbaine est transformée. Le désert marécageux qui jadis s’étalait de tous côtés autour de Salonique est aujourd’hui cultivé, jardiné plus exactement, peuplé. Ainsi, la banlieue Nord-Est qui offrait un site propice. Au Nord-Est, le fond du golfe salonicien est séparé de la zone basse, occupée par les lacs septentrionaux de la Chalcidique, par des ondulations de 200 à 700 mètres, nues sauf les 1. Id. .• feuille de Giannitsa. 2. Id. : feuille d’Edessa.