140 LA NOUVELLE MACÉDOINE HELLÉNIQUE. Les aqueducs sont bâtis dans les zones mi-montagneuses : littoral occidental du Nord de la Chalcidique (bureau de Salonique : 44) ; le cercle mon-tueux qui borne la Campania au Nord (bureau de Kilkis : 42 ; de Voémitsa : 22); le versant Sud de la Bélachitsa planina, proche de la frontière bulgare (bureau de Sidirocastron : 24) ; la côte rocheuse de Cavalla (24). Presque aucun travail n’a été exécuté à cet égard dans les circonscriptions de l’Ouest (Castoria et Flôrina), où les réfugiés sont au reste moins nombreux. Ainsi disparurent les longues théories d’ânes et de petits chevaux, qu’on rencontrait jadis sur les chemins de la Macédoine, des villages entiers allant chercher l’eau de source à plusieurs kilomètres parfois. L’eau abondante sourd un peu partout, condition d’une vie plus saine. De plus, elle contribue à l’irrigation des terres autrefois incultes. Durant l’année 1928, les nouveaux travaux entrepris approvisionneront d’eau les steppes sèches : l’aqueduc de Pto-lémaïs (Kaïalar), long de 10 kilomètres, qui doit servir aux cultures de 2 000 familles, celui de Boudjakia (18 km.), qui alimentera 1 200 familles, tous en Macédoine occidentale. Les travaux d’Edessa permettront l’irrigation de 2 500 hectares, incultes aux pieds de cascatelles superbes : ils viennent d’être achevés autour de Bizovo, et on a déjà semé des luzernières. On étudie un plan d’irrigation de la plaine d’Enôtia (la Karadjova des Turcs), dont les abondantes sources périphériques peuvent faire de cette conque une oasis. On songe même à assécher, à rendre à la culture les marais eux-mêmes. Les populations réfugiées se sont révélées si prolifiques que l’on craint dans quelques années le manque de terres. Mais cette lourde tâche dépassait les vues et les forces financières de l’Office autonome. L’État grec se chargea de cette entreprise, ou plutôt passa contrat avec des compagnies étrangères, américaines comme il convient. On songea d’abord à l’assèchement des lacs de la rive gauche du Yardar, lacs d’Amatovo et d’Ardjane, qui devait donner 10 000 nouveaux hectares à la culture : il fut confié à la Foundation Company par traité du 7 septembre 1925 ; le coût des travaux était évalué à 600 000 dollars. On se proposa ensuite de drainer les fleuves Gallicos, Vardar et Haliacmôn (Vistritsa), de faire disparaître la majeure partie du marais de Giannitsa, de gagner ainsi 54 000 hectares ; le coût de cette seconde œuvre était estimée à 15 750 000 dollars ; la Foundation de New-York en fut encore chargée. Enfin, par contrat du 20 octobre 1928, les sociétés Monks et Ulen, de New-York, eurent mission de régulariser le cours de la Strouma, assécher les lacs de Boutkovo et d’Achinos, les marais de Philippes, de récupérer 160 000 hectares, après une dépense de 17 millions de dollars11. L’assèchement des lacs riverains du Vardar. — Au sortir de son dernier défilé, la cluse des Tsiganes, où il descend subitement de 50 à 20 mètres en 10 kilomètres, le Vardar commence à s’étaler dans la plaine salonicienne : il a encore 34 kilomètres à parcourir pour parvenir à la mer. Il s’est étalé, créant des méandres, puis recoupant leurs boucles. Des témoins de ces dérivations subsistent, surtout sur la rive gauche. Les plus grands sont les deux lacs d’Ardiane et d’Amatovo (v. fig. 27). Il s’agissait à la fois de canaliser le Vardar et d’en rectifier le cours, d’assécher les lacs riverains, de détourner la partie inférieure du fleuve vers l’Ouest, afin de 1. EUènikè Démocratia : Ephèméris tès Couvernèséôs : 8 oct. 1925, 13 nov. 1927, 31 déc. 1928.