LES LIAISONS INTÉRIEURES. 29 petites villes, qui évitaient les inondations hivernales. La croupe de Malaréka ferme à 993 mètres la Pélagonie. Au delà, d’autres plaines, à la fois fermées et fertiles : celle de Kaïalar-Cozani, l’Eordéa, où les lacs d’Ostrovo, de Pétersko, du Roudnik, de Sari goel, jadis unis par des marais, ont laissé une riche terre noire. Au Sud-Ouest, au carrefour de la route de Castoria, de Lipsista, appuyée aux premières pentes, la petite ville de Cozani. Entre la montagne basse et nue et le fond du bassin, où étincelle le vestige du Sari goel, le long des rampes méridionales file la route vers l’Est. La plaine se resserre au défilé de Castania, au nom méridional ; après le col, haussé à 1 620 mètres sur des croupes rocailleuses, les pentes orientales se couvrent de fougères, de chênes-verts, d’un fouillis boisé dans laquelle se rassemble la ville-jardin de Verria. En avant, la platitude de la Campagne salonicienne. II. — LA ROUTE OUEST-EST La direction générale des monts du Centre balkanique rend plus malaisées encore les communications Ouest-Est : longs remparts des plis de l’Ouest, coupoles plus aplanies, mais plus massives, de l’Est. Pourtant les nécessités stratégiques ou marchandes ont, de tout temps, cherché les défauts des obstacles. Dès l’époque romaine, la grande voie militaire et économique, qui joignait l’Adriatique à la mer Noire, Dyrrachium et Byzance, passait naturellement par la Macédoine, de Lichnidis (Okhrid) à Scavala (Cavalla). Ce fut la via Egnatia, dont le tracé est immuable. La via Egnatia. — Elle vient d'Elbassan, descend d’un col de 926 mètres sur la rive albanaise du lac d’Okhrid. Le marché de Strouga est au carrefour de la route du Drin. Une chaussée, dressée sur les marais de la rive Nord, permet à la route de gagner le vieux château d’Okhrid, qui domine les pâtures riveraines de son éperon rocheux. Puis elle s’enfonce dans le Stogovo, dernier mur calcaire de la Macédoine occidentale, monte jusqu’à 1 180 mètres, redescend, rapide, entre les taillis de chênes, les vignes, vers la plaine alluviale du Prespa, la petite ville de Ressan (Resna), à 862 mètres, toute en pente, sur les lianes boisés d’où émergent les murs nus du Mali Thatë, la «Montagne sèche » et blanche, tachetée de noir par les graphites. En bas, les roselières, les marais, les eaux claires du lac de Prespa. A l’Est, nouveau rempart, le versant granitique, forestier de la Né-retchka planina. La route profite d’un seuil lacustre, grimpe au col de Giiavat (1 150 mètres) puis, jalonnée sur les terrasses lointaines par les gros villages valaques, Gopech, Magarévo, elle descend doucement sur la Pélagonie. Juste au débouché sur la plaine, à la rencontre de la route du Nord, des deux côtés du Dragor, la vieille Monastir (Bitolj) allonge sa grande rue sur l’antique chemin. Au Sud, le Péristéri, ses sapins et ses neiges (2 359 m.) ; au Nord, la cime toute pelée qui cote 1 248, où les Bulgares furent agrippés de 1916 à 1918. L’étau des monts offre des refuges : c’est sur les pentes basses, sur les terrasses de l’Ouest de la Pélagonie, à l’abri des inondations de la Tserna élargie, que s’alignent les villages, que se discipline l’eau qui ruisselle. Cependant la route ancienne, aujourd’hui refaite, le chemin de fer qui unit Monastir à Salonique, coupent droit à travers la plaine, vers le Sud-Est. Posté dans une encoignure de la Malaréka, le vieux village de Banitsa, carrés de pierres qui se succèdent le long de la route,