QUATRIEME PARTIE SALONIQUE CHAPITRE XXII LE DOMAINE COMMERCIAL MACÉDONIEN Les foires macédoniennes. — Salonique vit de la mer. Depuis le hamal qui, en haillons, le matelas sur le dos, courbé, attend devant le port le déchargement des navires, jusqu’au banquier qui, assis dans son office moderne de la rue Vénisélos, ne perd pas des yeux le rouleau télégraphique où s’inscrivent les cours du pétrole de la Standard, du café de Santos, du tabac des États-Unis, toute la vie salonicienne est suspendue à la rade, aux arrivées et aux départs. Des deux côtés, les Montagnes saintes circonscrivent l’horizon du golfe. Ici l’Olympe, qui ne sort guère de ses mystères nuageux. Là l’Athos, pointe extrême de la Chalcidique, où la douceur méditerranéenne conserve l’olivier au monde macédonien. L’Égée se ferme par son cercle coutumier d’Échelles, rocheuses et urbaines, liens naturels de la langue grecque, qui préludèrent commercialement à l’unité de la Nation. Mais ici la périphérie montagneuse est reculée de 100 kilomètres, laissant aux fleuves, le Vardar (Axios), la Vistritsa (Haliacmôn), la place d’étaler leurs alluvions malsaines, mais fécondes, permettant à ces vallées de mener vers l’intérieur. Là est la croisée des grands chemins balkaniques : la route Sud-Nord du Vardar remonté, de la Morava descendue, qui amène au Danube, à 500 kilomètres seulement du golfe méditerranéen, la voie la plus courte vers l’Europe centrale ; la route Est-Ouest, qui joint l’Archipel à l’Adriatique. A Salonique même, la « rue Egnatia » témoigne de la persistance de la voie romaine, qui passait précisément sous l’arc de Galère encore debout à l’extrémité Est de la rue, de la vieille ville. Le marché de Salonique a suivi l’histoire de la ville. Avec elle, il descendit vers la mer et se développa vers l’Est, zone plus rocheuse et plus saine, tandis