LA NOUVELLE SALONIQUE. 305 solidaire » : les surfaces bâties n’occupent que 30 à 40 % de la superficie ; les maisons sont entourées de jardins spacieux (à l’E.) ou de jardinets (à l’O.). Ainsi tente-t-on de garder le plus d’espace possible dans la construction d’une ville cependant très peuplée (v. fig. 40). Les calculs sont faits pour une ville de 350 000 habitants: l’agglomération centrale doit loger 150 000 personnes, à raison de 750 par hectare ; les faubourgs de Calamaria et du Vardar contiendront 450 habitants par hectare, le quartier ouvrier suburbain 330, le quartier des résidences suburbaines 150 seulement à l’hectare. Le Centre. — La reconstruction de la ville a naturellement commencé par la partie centrale, jadis la plus active, presque entièrement brûlée. C’est là qu’il fallait ouvrir d’abord les rues primordiales : y construire les égouts (100 millions de drachmes dépensés dans cette vue jusqu’à ce jour), tracer les voies nouvelles, comme la rue Tsimiski (S.-O.-N.-E.), élargir les voies anciennes, telles que la rue Egnatia (S.-O.-N.-E.) et la rue Vénisélos (N.-E.-S.-O.) (v. fig. 42). C’est là qu’était, qu’est toujours, le « centre du petit commerce », entre la rue Egnatia, la grande route transversale, et la mer, entre la rue Vénisélos, où se tiennent cafés, banques, épiciers et changeurs, jusqu’aux restaurants qui environnent la Tour Blanche. L’art de l’architecte a tenu à ne rien changer aux commodités commerçantes. Mais il a dû y introduire de l’air, de la lumière, des facilités de circulation. Le Centre se dégage peu à peu des décombres (v. fig. 41). Il y a encore aujourd’hui, au milieu de ce quartier qui s’ordonne, d’ultimes baraques, ajoutées aux ruines. On a réservé pour la fin la construction de la grande place centrale, la « place Alexandre-le-Grand », qui doit avoir 135 mètres de profondeur sur 100 mètres de large. Les bâtiments, qui l’entoureront, doivent former un ensemble homogène, une belle ordonnance architecturale. Là s’élèvent les hôtels modernes, entre autres le Mediterranean, qui rivalise avec les palaces d’Europe. Sous les portiques tracés doivent se loger les grands cafés, les pâtisseries, les restaurants, rendez-vous de l’élégance oisive ou des hommes d’affaires qui prolongent leur journée. Pourtant, la grande rue centrale à arcades n’a encore que cinq immeubles. Les propriétaires sont récalcitrants, ne consentent guère à perdre les trois mètres de terrain que les portiques exigent. Ici, la construction stagne pour l’instant. On ne voit pas encore le square, où doit s’élever la statue équestre du roi de Macédoine, la grande rue Aristote de 35 mètres, bordée de ces portiques de 4 mètres, qui offriront leur abri contre les pluies d’hiver, leur ombre contre le soleil ardent des étés saloniciens. Pourquoi ? C’est que la grande circulation ne se fait pas du Nord au Sud. On a couru au plus pressé, et les premières rues qui s’allongent, se garnissent de magasins, sont celles qui sont parallèles à la mer. C’est ainsi que les anciens bazars se sont vite reconstitués. Sur le lieu, où se tenait le tcharchi de jadis, au Sud de la rue Egnatia, à la place de ces ruelles sombres, des rues de 20 mètres quand elles sont perpendiculaires au quai, de 24 et même de 36, quand elles lui sont parallèles, permettent aux piétons de circuler à l’aise. A la place des boutiques de bois peintes, des magasins spacieux avec étalages, des passages sous portiques. Autrefois s’entassaient sur la rue Egnatia marchands de légumes, potiers, cordonniers, et dans le Bézestin les vendeurs de linge, de draps et de vêtements, les marchands de tapis, les chaudronniers, pape- La Macédoine. 39