78 LA NOUVELLE MACÉDOINE IOUGOSLAVE. variant de 25 à 1 500 mètres carrés. Le 14 avril, on jeta le «vert de Paris », et on renouvela l’arrosage toutes les semaines durant trois mois. En mai, les pluies continuant, on trouva 29 gîtes. Cependant le nombre des moustiques diminuait : dans les étables de contrôle de la zone protégée on n’en capturait guère que 30 par jour, tandis qu’au dehors de cette zone on en prenait plusieurs centaines. En juin, baisse des eaux stagnantes, augmentation des gîtes (36), mais d’une superficie totale trois fois moindre que celle des gîtes du mois précédent. En juillet, plus d’eaux stagnantes ; mais il y a encore des anophèles sur les bords des bras du Vardar. Cependant le nombre des moustiques reste très bas, environ une trentaine dans les étables de contrôle. En août apparaissent les larves de superpictus, qui furent emportées par une forte pluie le 27 septembre. Quoique 1928 fût une année très paludéenne en Macédoine, le nombre des nouveau-nés de Skoplié infectés ne fut que de 29 contre 68 en 19271. La méthode fut poursuivie en 1929 dans les faubourgs. A Débar Mali, faubourg Ouest, en amont, dans les canaux du Vardar, on captait des centaines d’anophèles dans une étable-témoin en 1928; en septembre 1929, on en prit une moyenne de 10 par jour. A Topané, le faubourg tsigane du Nord de la ville, le paludisme diminue de 50 %. En 1927, il y eut à Skoplié 57 enfants de moins d’un an soignés ; en 1928, 28 ; et, pour les huit premiers mois de 1929, 13 seulement. Les malades de l’hôpital militaire, plus de 1 000 en juillet 1928, ne sont plus en juillet 1929 que 600, dont très peu de paludéens. La même méthode fut appliquée à la région de Kriva Palanka — 30 kilomètres de la vallée de la Kriva — impaludée de 100 % : 2 inspecteurs et 10 ouvriers ont suffi pour asperger la zone, pour la nettoyer d’anophèles. Or, ce travail a l’avantage d’être fort bon marché : le « vert de Paris » coûte 55 dinara le kilog, et 1 kilog suffit pour 10 kilomètres carrés. Ainsi on ne dépensa que 15 000 dinara à Skoplié (en 1927 et 1928), 8 000 dinara suffirent pour débarrasser de ses moustiques Kavadartsi. L’assainissement hydrologique. — Supprimer la nocivité du moustique en fortifiant l’individu, supprimer le moustique lui-même : résultats appréciables, mais temporaires. Pour obtenir un résultat durable, il faut remonter aux causes. Et la cause essentielle, sinon l’unique, du paludisme, est le milieu marécageux. Le temps, l’argent ont manqué pour entreprendre les travaux gigantesques, tels que ceux que les Grecs ont confiés aux Américains. Ici, au surplus, la forte densité de la population nouvelle exigeait la mise en culture de nouvelles terres : un dessèchement partiel s’imposait. Dans la Macédoine iougoslave, au contraire, ce fut seulement en 1929 que l’on songea à assécher le bassin de Skoplié : on doit charger de ce soin une compagnie française : le coût du travail sera de 25 millions de dinara ; mais la valeur des 8 600 hectares recouvrés atteindra 49 millions. En attendant, on s’était contenté de tâches plus modestes. On a, dans la mesure du possible, desherbé les canaux du Vardar au Sud de Skoplié, creusé d’autres canaux d’écoulement, diminué l’étendue des eaux stagnantes ; ainsi, 560 hectares autour de Gornié Lissitchié ont été récupérés au prix de 13 millions de dinara et mués en potagers. On étudie des plans de drainage de la Tserna marécageuse et de la Pélagonie (pour assécher 15 000 ha.). 1. CI. Simic : Peut-on protéger Skoplje du paludisme par la lutte antilarvaire avec le vert de Paris? (Glasnik tsentralnog higiienskog zavoda — Bulletin des Instituts centraux d’hygiène —, IVe année, cahier VII, n° 1-3, Belgrade, 1929).