118 LA NOUVELLE MACÉDOINE HELLÉNIQUE. Le seul arrondissement qui ait augmenté sa population est celui de Gré-véna, en pleine montagne (haut Haliacmôn) ; la faible diminution de celui d’Anas-sélitsa (Haliacmôn supérieur, en amont du premier) s’explique par des raisons identiques ; au contraire, ont été délaissées les grandes plaines marécageuses du Centre macédonien. Ainsi, Immigration turque n’a pas eu seulement pour résultat de laisser des terres vacantes, de changer la physionomie « ethnique » (c’est-à-dire linguistique) de la Macédoine méridionale. Elle a eu aussi pour conséquence de modifier la répartition de la population. Les agriculteurs partis ont créé des vides dans la Macédoine de l’Ouest. L’effort de colonisation portera surtout sur la Macédoine de l’Est et du Centre1. Les terres vacantes. — L’Office autonome fut mis en possession des terres par le décret-loi du 22 mai 1926, qui régularisait une situation de fait. Le gouvernement d’Athènes avait mis à la disposition de l’Office 735 673 hectares, dont 562 921 en Macédoine (chiffres officiels de 1926 : depuis lors, les terres macédoniennes occupées par les réfugiés — de septembre 1922 à décembre 1928 — ont passé à 616 112 ha.). Ces terres se répartissent ainsi : En Grèce En Macédoine (hectares) • (hectares) Terres laissées par les Turcs échangés (et une faible partie par les Bulgares)..................................................527 418 438 810 Propriétés privées expropriées ou réquisitionnées (parfois rachetées). 80 247 47 853 Domaines de l’État...........................74 646 45 799 Terres inaliénables prises à bail (propriétés des couvents de l’Athos). 14 141 13 785 Provenances diverses (communales, etc.)......................39 202 16 674 Total....................... 735 673 562 921 dont en terres cultivables................ 470 154 367 696 Le reste en maquis, pâturages, marais et terrains improductifs. La plupart des terres abandonnées par les Turcs sur les vastes plaines de la Macédoine centrale et orientale (exception faite de la Chalcidique) étaient des tchiflik, ces grandes propriétés où le bey, le seigneur musulman, réduisait ses paysans à l’état de colons partiaires ou kollighi (métayers) : le propriétaire fournissait sans loyer la terre, le logis et la semence, et la récolte était partagée, selon des proportions diverses (la moitié, souvent un tiers au paysan), entre propriétaire et colon2. Au contraire, dans la montagne (donc surtout dans la Macédoine occidentale) subsistaient des villages chrétiens libres, les « villages-têtes » (kefalohorià). L’histoire de la conquête des nouvelles provinces grecques est aussi une histoire agraire. La faible étendue relative des superficies cultivables nécessitait le partage des grands domaines. Une des causes de la révolution de Î909 fut le régime social de la Thessalie et la lutte entre les kollighi et les bey. La Constitution de 1911 édictait, en son article 17, le partage des terres, l’expropriation 1. Un aperçu général de l’effort de colonisation a été esquissé dans le volume : Société des Nations : L’établissement des Réfugiés en Grèce, Genève, 1926, in-8°, 233 p., 67 illustrations et deux cartes (dont une ethnographique de la Macédoine) ; on n’y distingue pas les régions géographiques. Cf. également les rapports trimestriels de l’Offîce à Genève : Rapport sur les travaux (sur l’œuvre) de l’Office autonome pour ¡’établissement des réfugiés (du n° 1, 25 février 1924, au n° 25, 22 février 1930). Le 24e — avant-dernier — rapport veut bien se référer à mes propres impressions générales. 2. Sur les 2 259 tchiflik qui existaient encore en Grèce en 1918, la Macédoine, à elle seule, en comptait 818.