174 LA NOUVELLE MACÉDOINE HELLÉNIQUE. envoie des enfants dans des colonies de vacances. Le but essentiel est de décongestionner les villes d’un prolétariat trop nombreux pour un travail irrégulier, de faire refluer sur les campagnes une population, main-d’œuvre d’une culture délicate, qui ne deviendra rémunératrice qu’au jour où les frais de production décroîtront. Enfin, là encore, comme dans tous les domaines agricoles, l’esprit coopératif est venu au secours des cultivateurs. Dans la Macédoine orientale, la grande zone du tabac, il y a trois fédérations coopératives, qui groupent 229 associations agricoles, plus de 31 000 membres, plus de 28 millions de drachmes de capital. Ces coopératives se font prêter de l’argent par la Banque nationale en guise d’avances, ou au moment de la plantation (printemps), ou au moment de la manipulation villageoise (automne) : ainsi furent prêtés en 1926 plus de 155 millions de drachmes, en 1927 plus de 315 millions. De telles opérations permettent aux cultivateurs de recruter la main-d’œuvre nécessaire, d’entreposer leur tabac — opération essentielle puisque le tabac ne se vend qu’après complète fermentation —, d’attendre les offres des acheteurs grecs, et surtout étrangers. Notons que les salaires des ouvriers se montent à 238 millions de drachmes (1927), dont 190 millions pour la seule Macédoine orientale. Les progrès de la production. — Ce sont ces efforts si divers qui ont permis de venir à bout des difficultés soit physiques, soit sociales. Dans l’ensemble la production macédonienne n’a cessé de croître, et elle a pris une place de plus en plus importante dans la surface cultivée et la production du tabac grec. De 1926 à 1929, la production macédonienne a augmenté de 124 %. Les étendues cultivées en tabac par les seuls immigrés de Macédoine passent de 9 372 hectares en 1923-1924 à 20 106 en 1925-1926, soit un pourcentage d’augmentation de 146 %, et les progrès continuent les années suivantes, l’exemple étant au surplus suivi par les agriculteurs indigènes : 1925-1926 1927-1928 (en hectares) Macédoine Macédoine Grèce--——- Grèce - Indigènes Réfugiés Indigènes Réfugiés Étendue cultivée. . . . 61 579 9 627 20 106 83 813 15 475 33 096 Les résultats apparaissent plus nettement encore, si l’on compare la production des années d’avant-guerre et des années récentes : (en tonnes) 1910 1912 1920 1922 1925 1926 1927 1928 Grèce.......... 28 208 24 517 31 562 25 306 65 461 55 534 62 852 54 180 Macédoine........ 13 593 9 483 12 851 11 443 19 814 25 862 31 447 29 704 Ce sont surtout les districts de la Macédoine orientale qui ont attiré le plus les nouveaux planteurs, moins les secteurs montueux .(Sidirocastron) ou trop humides (Chryssoupolis dans le delta de la Mesta) que les steppes d’autrefois, les pentes basses de la vallée de la Strouma, par exemple celles qui entourent le lac d’Achinos, les trois districts de Serrés, de Nigrita et de Zichni, là où les éboulis donnent une terre formée de débris calcaires et schisteux, enrichie d’oxydes de fer, où l’exposition au Midi est la plus fréquente, où enfin le vent marin empêche le soleil de dessécher la plante.