CHAPITRE XIII LE TABAC Les conditions de la culture. — La production du tabac dans les colonies de Macédoine a non seulement transformé l’économie du pays, mais encore celle de la Grèce entière. La production du tabac grec passe de 25 000 tonnes en 1922 à 50 000 en 1924, première année de culture en grand par les nouveaux colons, à 80 000 tonnes en 1929 : sur cette quantité globale la Macédoine a causé elle seule un saut de 36 000 tonnes (11 000 en 1922 ; 47 000 en 1929). Cette transformation est due sans doute d’abord aux aptitudes spéciales des immigrés, venus d’Asie, de Thrace orientale, de Bulgarie même. Parmi les réfugiés, les cultivateurs de tabac forment le second groupe en importance : 15 561 familles sur 112 111, et la plupart furent installés dans la région de Drama, apte aux plantations de tabac : 9 653 familles. Ils apportaient non seulement des traditions, mais encore des graines de ces plants réputés de l’Asie turque, qui se mêlèrent aux plants déjà connus de Doxaton, Drama, Cavalla, Pravista (Pravi), Iénidjé (Giannitsa), aux feuilles petites, mais aromatiques et fines. Les conditions naturelles se prêtent merveilleusement à cette culture. Le climat des plaines macédoniennes lui est propice : les pluies d’hiver, qui se prolongent jusqu’en avril, favorisent les semailles, tandis que la sécheresse de l’été, qui se marie avec une température de 20° jusqu’en septembre, est utile à la plante même. Le tabac qui, dans ces régions, ne reste pas plus de trois mois sur pied, a besoin de conditions óptima pendant sa courte période végétative, en particulier d’un minimum d’humidité durant sa maturité. Il a besoin aussi d’un sol adéquat : une terre mi-calcaire, mi-argileuse, assez profonde, à cause de la nécessité, en vue d’une croissance rapide, d’émettre d’abondantes racines, et parce que ces terres, retenant mieux l’humidité à l’époque du repiquage, permettent la plantation à plat. Mais il faut aussi qu’ensuite le drainage soit suffisant : aussi les coteaux d’éboulis conviennent-ils parfaitement, surtout s’ils s’étalent en pente douce. Les terres trop calcaires, parce que trop sèches, trop argileuses, parce que marécageuses, ne sont pas bonnes. Nous n’avons pas besoin de remarquer que les plaines macédoniennes, généralement fermées par des montagnes, abritées des vents froids du Nord, sols d’alluvions argileuses, mélangés de débris calcaires ou schisteux, à l’exception des zones de marais, sont tout à