82 LA NOUVELLE MACÉDOINE IOUGOSLAVE. n’en avons pas encore de telles en France. Périodiquement, l’instituteur conduit sa classe à la clinique, et des spécialistes examinent la gorge, les dents, les oreilles, les yeux. On ausculte, pèse et mensure. Un enfant ainsi surveillé n’est plus la proie d’une maladie subite. Les contagions sont enrayées. Les malades sont écartés, admis à l’hôpital. Mêmes examens minutieux dans les dispensaires, quand les mères amènent les bébés : il est déjà plus difficile de les atteindre. Mais il est d’autres misères, que ni une médicamentation ni une surveillance préventive ne peuvent guérir. Sur certains terrains, le médecin qui épie la maladie à venir, qui la dépiste, est impuissant. L’économie d’un pays dépend pour une large part d’une politique sanitaire, que le gouvernement doit prendre à charge. L’hygiène scolaire et domestique. — Les responsables de la santé publique du jeune État iougoslave, à Belgrade et à Skoplié, ont compris que le travail médical devait s’accompagner d’une éducation, élève des corps, instruction des esprits. Soustraire les enfants, ne fût-ce que quelques mois, à l’ambiance insalubre. Rien n’est théoriquement plus simple dans un pays où de hautes montagnes offrent un asile saisonnier. Au-dessus même de la plaine marécageuse de Pélago-nie, la longue chaîne de la Néretchka planina présente ses forêts, hêtraies et sapinières. A l’Ouest de Bitolj, le Péristéri élève ses plus hauts pacages à 2 359 mètres. Sur ses flancs, au-dessus de la via Egnatia, qui monte vers Ressan et vers Okhrid, jadis les riches marchands, grecs ou aromounes, de Bitolj construisaient leurs villas de plaisance. On en rencontre encore les ruines — ce fut là le front bulgare de 1916 à 1918 — aux villages détruits de Magarévo et de Ternovo. La route — construite par les paysans — grimpe sur le versant Nord-Est de la montagne semée de petits arbres, puis, à 13 kilomètres de Bitolj, à 1 300 mètres d’altitude, parvient aux lisières d’immenses sapinières. C’est là que s’élève le sanatorium. Trois grandes baraques, neuves et propres, munies d’eau courante et d’électricité : deux assemblent dortoirs et douches, l’autre la salle à manger et la cuisine. Le nivellement, la construction, l’installation n’ont coûté que 100 000 dinara. Il y a place pour 120 enfants. Le sanatorium reçoit durant les mois d’été (mai-novembre) les enfants anémiques des écoles : les riches y doivent payer une pension de 25 dinara par jour, d’autres 100 dinara par mois ; les pauvres sont admis gratuitement. Chaque enfant coûte 15 dinara par jour, logement et cinq repas. Les frais sont réduits au minimum : comme unique fonctionnaire, le médecin. A l’Ouest de Prilep à 30 kilomètres de la ville, à 1 320 mètres, fonctionne de même le sanatorium de Krouchévo. Proche de la petite ville valaque, qui hisse à 1 260 mètres ses maisons multicolores, couvertes de schistes mal taillés, à l’orée d’une forêt de hêtres, se cachent les six baraques rouges, où les enfants débiles des écoles de la plaine viennent en été se retremper dans le soleil et l’air pur. Pour atteindre les enfants dans leur plus jeune âge, il faut persuader les mères. C’est dans cette vue qu’outre les avis des infirmières itinérantes, on a organisé des expositions ambulantes de l’enfance, de l’hygiène des nourrissons. Dans une petite baraque vite construite, on étale aux yeux des paysannes des poupées emmaillotées selon la bonne méthode, les biberons qui conviennent, les langes, les bouillies qui remplaceront le lait. L’exposition, placée aux portes du bourg, est ouverte aux heures où les paysans reviennent des champs. La