LA PLAINE DE BOURGAS. 253 sont en nombre, mais peu de Macédoniens, sauf au Sud (deux villages, Goliam Monastir et Malak Monastir — grand et petit Monastir —, abritent 212 et 121 familles, la plupart de Macédoine ; sur les 326 familles de réfugiés de Sinapli, les 113 de Douganovo, les 237 de Kozloudja, les 1 344 du gros bourg de Kavakli, les Macédoniens sont encore en nombre). Le centre même(du département (Est de l’arrondissement de Iambol, Sud des arrondissements de Karnobat et d’Aïtos, enfin celui de Bourgas tout entier à l’exception du Sud), c’est précisément cette grande plaine monotone dont nous parlions plus haut. Elle est peuplée de ces gros villages qui se cachent au fond de l’ancienne vallée de la Toundja, où coulent encore l’Amak déré, son affluent de gauche, et les rivières qui se terminent dans les étangs proches du golfe de Bourgas. Les réfugiés y sont partout par petits groupes. Quelques familles macédoniennes, éparses, rassemblées cependant dans la petite ville de Karnobat (249 familles de réfugiés). 3° Le fouillis buissonneux de la Strandja planina n’est pas moins confus du point de vue humain (arrondissements de Vassiliko, de Malko Ternovo et de Karabounar en entier, Sud de l’arrondissement de Bourgas, Est de celui d’Elhovo) ; mais il faut distinguer l’intérieur, plus sauvage et plus vide, et la périphérie peuplée. Les croupes atteignent 500 et 600 mètres aux approches de la frontière turque : là les anciens tchiflik sont nombreux ; aussi a-t-on pu, dans ces solitudes, établir des réfugiés, malgré la rareté des villages ; ils sont surtout dans la vallée encaissée de la Vélika, qui débouche à Akhtopol : ce sont des Thraces, comme il convient. Les pentes Nord et Ouest sont plus humanisées : les fréquents vallons qui les découpent ont leurs villages, parfois à 200, 300 mètres d’altitude : mais là encore, à peu d’exceptions près, ce sont des Thraces, qui ont remplacé les émigrés grecs ou musulmans ; les Macédoniens y sont plus rares : on les trouve par exemple dans les deux gros bourgs de Goliam Boïalik et de Mouradanli (305 et 156 familles), proches d’Elhovo et de la plaine. 4° Dans les petits ports de la côte, les Macédoniens sont plus nombreux. Le Bulgare, venu de Macédoine, pourtant n’a guère connu la mer. Bien de ces ports, peuplés de Grecs jadis, semblent morts aujourd’hui. Telle la petite ville de Messemvria, qui flotte, si l’on peut dire, dans ses remparts trop larges et dont les hautes maisons de pierres — la place dans cette presqu’île était mesurée naguère — tombent maintenant en ruines. C’est cependant un des lieux de la côte où les Macédoniens doivent prendre place : 210 familles, sur 308 de réfugiés. Il en est de même, un peu plus au Nord, du petit port de Biala (département de Varna), où est prévue l’installation de 319 familles macédoniennes, sur les 328 familles de réfugiés attendus. D’autres petits ports reçoivent encore ces nouveaux pêcheurs, qui s’adaptent, les jeunes gens surtout : la plupart des familles (103) établies à Svéti Vlas (Nord de Messemvria), arrivées à Ravda (134) et Tchimous (115), au Sud-Ouest de Messemvria, installées provisoirement dans les baraquements devant ou dans Ankhialo (271) ou dans les chaumines de Paparos (146), d’Atanaskoeil (101), de Vaïakoeil (155) autour de Bourgas, enfin beaucoup de familles parmi les 235 de Ravadinovo, près de Sozopol, et les 27 de Kioupria sur la côte rocheuse du Sud sont venues de Macédoine. Tous, au reste, ne sont pas marins ni pêcheurs : il y a aussi des artisans, des commerçants, ces « hommes à casquettes », peu paysans, peu soumis à leur destin, et qui se plaignent de leur sort.