314 SALONIQUE. est encore reléguée à l’Occident, aux coins où arrivent les chemins de fer et les navires. La vie bourgeoise d’aisance veut s’étaler au large dans les faubourgs et les arbres, épargnés par les hautes maisons. [Cependant l’afflux des réfugiés allait créer d’autres besoins. Seuls, le Nord et l’Est restaient libres : au contraire des basses terres, où se prolongea à l’Ouest et au Midi la ville, ici les pentes du Khortiatch offraient leurs carrières, leurs eaux et l’abri des vents. De ces côtés, de petites villes neuves sont sorties du sol en cinq années. Les faubourgs du Nord et de l’Est. — Tout autour de Salonique, mais non accolés à la ville, des quartiers neufs ont surgi, qui se bâtissent encore. Au Nord-Ouest, une petite ville neuve, Néapolis, dont les villas coquettes sont nées spontanément, commandées par les réfugiés aisés. Au Nord, la place ne manque pas : ce sont, au delà des remparts de briques crénelées, les collines nues, creusées de ravins sableux et secs durant l’été, où passent encore les ruines de l’aqueduc romain. C’est sur la pente d’un versant dont l’écoulement est assuré que le service de la colonisation construit, à 500 mètres des portes, le quartier neuf de Troados ou Agia Paraskévi : 107 maisons s’achèvent de part et d’autre d’une large rue (v. lig. 43). Il y en a pour toutes les bourses : les plus chères, 46 000 drachmes, ont pignon sur la rue nouvelle ; les autres, de 37 000 ou 26 000 drachmes, se mêlent davantage soit vers l’Ouest, soit vers l’Est : maisonnettes de 68 mètres carrés (trois chambres et une cuisine) ou de 40 mètres carrés (deux pièces et une cuisine), sur fondations élevées, coquettes entre leurs murs de briques rouges et sous toit de tuiles colorées ; le réfugié doit payer en entrant un acompte de 2 500 drachmes, et le reste en quinze ans par annuités trimestrielles avec intérêt de 8 %. A un kilomètre à l’Est, derrière les murs de la ville, de petits coins secs, abrités des vents, permettent d’installer des jardinets et des vergers : à Top Alti, 250 réfugiés de Varna, établis commerçants à Salonique, ont construit, avec des avances de l’Ëtat — 15 ou 25 000 drachmes — des maisonnettes de types divers, selon la fantaisie du propriétaire, entourées de pêchers et de poiriers naissants. A l’Est de Salonique, plus nombreux encore sont les petits faubourgs. Les routes, jadis noyées de flaques ou enveloppées de nuages poussiéreux, sont aujourd’hui empierrées et larges. Au Sud-Est de la citadelle, sur les flancs de la montagne, sont plaquées les maisons neuves : Saranta Ecclisiôton, tout entier construit par la coopérative des « Quarante Eglises », qui a donné son nom au quartier. A 2 km. 5 des remparts, Triandrias, où 1 300 artisans et ouvriers de Thrace et de Smyrne, logés durant six ans dans des cabanes informes, parfois même sous la tente, voient s’achever, en l’automne 1929, leurs définitifs et nouveaux foyers : 40 familles y trouveront abri dans vingt maisons doubles, et vingt autres sont en train. Un peu plus au Nord, le village neuf de Vénisélochôri, qui date de 1920, est du même type, avec son église et son école, qui lui donnent déjà un air ancien. Dans ce groupe, c’est le ministère de la Prévoyance sociale qui a financé, assuré la construction. A 1 km. 5 au Sud-Sud-Est des « Campagnes », Toumba est une ville nouveau-née de 18 000 réfugiés. Il y a deux ans, ce n’étaient encore que des baraquements militaires, de tôle et de bois, utilisés pour le mieux, disposés autour de pistes, qui tenaient lieu de rues. En septembre 1929, elle apparaissait déjà comme une petite cité. La périphérie s’en dessinait, nette : de petites maisons