LES COLONIES URBAINES. 205 un type uniforme : chaque maison, de granité couvert de tuiles, sur 164 mètres carrés, peut abriter, dans ses deux étages, de 2 à 4 familles. 800 maisons sont construites, pour l’instant abritant plus de 1 000 foyers (v. fig. 34). L’État a dépensé 35 millions de drachmes pour le faubourg ouvrier de l’Est, 20 millions pour le faubourg bourgeois. De plus, sur les hauteurs mêmes de Kut-chuk Orman, l’Office autonome, à son tour, a construit pour 100 familles les trois types de maisonnettes, qui se succèdent de l’Est à l’Ouest, que nous avons décrits plus haut. Cavalla est aujourd’hui par sa richesse la seconde ville de Macédoine : ses revenus se chiffrent à 16 687 000 drachmes en 1927-1928, contre 14 720 000 drachmes de dépenses. L’exportation du tabac est la source de cette fortune. A peu près le quart des tabacs sortis de Grèce passe par le port de Cavalla : (en 1 000 okes) Exportations de Grèce Exportations de Cavalla 1926. . .................................43 221 11326 192 7......................................41 734 13 498 192 8......................................36183 9 877 192 9........................................37 045 16 347 Dans l’hiver, les grands mois de manutention, c’est parfois même le tiers du trafic des tabacs grecs que Cavalla accapare. Ainsi 2 828 000 okes sur 5 390 000 furent expédiés par Cavalla dans le seul mois de janvier 1928, ou 3 338 000 okes en janvier 1929, tandis que Salonique n’exportait que 1 812 000 okes. C’est là que viennent s’approvisionner les grandes compagnies, allemandes, américaines, qui fixent au reste les prix. L’Allemagne à elle seule prend le quart, parfois la moitié des sorties du port (4 365 000 en 1927, 4 819 000 en 1928), les États-Unis un autre quart (3 751 000 en 1927, 2 580 000 en 1928). Vient ensuite l’Italie (1 015 000 okes) ; mais l’importation de Trieste (739 000) alimente en réalité une réexportation vers l’Europe centrale. Ainsi l’installation des réfugiés a fait de Cavalla le grand fournisseur des tabacs d’Orient à l’Europe continentale et à l’Amérique du Nord. La gigantesque et sombre manufacture, qui se dresse en pleine ville, en est l’imposant témoignage. Edessa. — Au delà de la Campanie salonicienne, Edessa est un autre exemple de ces petites villes transformées. Site privilégié, s’il en fut : entre le Vermion Oros, boisé et vert, qui monte à 691 mètres au Sud, à 606 mètres au Nord, et la plaine découverte et nue, qui s’étale à 55 mètres sur les pentes, entre 310 et 175 mètres, au milieu des eaux vives, chutes, cascatelles, rigoles d’irrigation, qui dévalent avec la Voda, s’étage Vodéna, la « Ville des eaux » des Slaves, qui a repris son vieux nom antique et chrétien d’Edessa. Quand on arrive de l’Ouest de la montagne de gneiss dénudé ou de calcaire démantelé qui barre le lac d’Ostrovo au Nord, c’est une soudaine vie méditerranéenne qui se montre en amont, avec les fruitiers, les vignobles, les figuiers et les platanes, avec les moulins et les premières usines. Quand on vient de l’Est, de la plaine monotone, qui s’est poursuivie sans accidents, entre d’implacables moissons ou des pacages jaunis, depuis Giannitsa et ses marais, autre impression de fraîcheur, de repos sous les premiers arbres. La via Egnatia descendait là jadis sur la Campagne de Salonique, et aujourd’hui lui succèdent et la route et la voie ferrée.