100 LA NOUVELLE MACÉDOINE IOUGOSLAVE. Comme la superficie plantée en tabac était de 4 267 hectares et la récolte de 2 864 tonnes en 1922, la production a donc triplé dans les années moyennes (7 741 ha. plantés et 7 735 tonnes récoltées en 1926), et cependant le travail de la préparation est encore primitif et irrationnel : séchage au mur, manipulation et triage à la maison, bien que la station gouvernementale de Prilep tente de propager de plus modernes méthodes : séchage au cadre, concentration dans des coopératives. La culture du pavot d’opium est une autre source de richesse. En cette culture encore, la Macédoine a une sorte de monopole dans le royaume iougoslave. Et les progrès sont colossaux : 12 426 hectares ensemencés en 1928, au lieu de 2 704 en 1922 ; 2 705 tonnes de pavots, au lieu de 1 203 (dans toute la Iougo-slavie, 13 222 ha. et 3 159 tonnes). La grande zone de production est le département de Bitolj, et principalement de Tikvech, ensuite le bassin de Koumanovo. L’opium est un produit cher, qui s’exporte aussi à Salonique, s’achète de 700 à 850 dinara l’oke (1 280 gr.). Les intermédiaires sont les commerçants juifs. On fait actuellement des tentatives pour se passer de cette coûteuse commission. La Banque nationale a, en 1928, avancé 30 millions de dinara à 3 % aux banques locales, qui assurent, avec 7 % d’intérêt, des crédits aux exportateurs iougoslaves, qui achètent la récolte aux cultivateurs. Naturellement, on proteste contre la main-mise des banques locales. La création récente de la Banque agricole contribuera à résoudre les deux questions, à écarter les deux grands motifs des plaintes rurales : l’opium et le tabac, qui font encore moins la fortune des paysans que celle de marchands avisés. Des nombreuses plantes oléagineuses cultivées en Macédoine, c’est encore le pavot qui fournit le plus d’huile. L’œillette, tirée autrefois surtout de la graine de sésame, s’extrait aujourd’hui davantage du pavot. La production, jadis obtenue de procédés primitifs importés d’Asie par les Turcs, s’est mécanisée dans les usines de Vélès2. La Macédoine, enfin, est la seule contrée iougoslave où l’on récolte le coton. La récolte a passé de 173 tonnes sur 576 hectares en 1921 à 419 tonnes sur 830 hectares en 1925, à 157 tonnes sur 707 hectares en 1928. Les fluctuations sont considérables, et, malgré des essais heureux, il ne semble pas que ce cotonnier — de taille médiocre — soit destiné à grand avenir. Les villes : le commerce macédonien. — La ville profite naturellement de tout effort des campagnes. L’artisan et le marchand naissent de la prospérité rurale. Il serait exagéré de dire que la Macédoine s’industrialise. Pourtant, des industries urbaines se greffent sur l’agriculture renaissante, des industries créées davantage par des immigrés urbains que par des transfuges de la terre macédonienne. Ce sont des gens du Nord, de Vranié, de Leskovats, de Nich, qui s’installent à Skoplié. L’Etat n’est pour rien dans ces progrès. Les villes elles-mêmes non plus. Pas plus de crédits gouvernementaux que de décharges municipales. En 1919, il y avait déjà quarante « établissements » industriels. Peu à peu, d’autres fabriques se sont ajoutées aux premières, une quarantaine environ. Ce 1. Cf. Ministère de l’Agriculture. Superficies productives et rendement des plantes cultivées pour l’année 192S, Belgrade, 1929, in-folio, 75 p. 2. Filipovic : Charlagantsijé ou Velessou — la fabrication de l’huile d’œillette à Vélès — (Glasnik — Bulletin de la Société scientifique de Skoplié — t. V, 2, Skoplié, 1929, p. 283-294).