I-ES CONDITIONS DE LA RECONSTRUCTION. 299 la vente à 8 118 701 drachmes, dont 3 736 627 drachmes furent déposés en bons. L’opération s’annoncait bien1. La vente continua régulièrement. De 1920 à 1926 furent adjugés 2 368 lots. Les uns devaient recevoir des immeubles à étages : 1 852. Les autres, au Centre même de la zone incendiée, où devait se reconstruire le bazar imposé par la vie de toute ville balkanique, ne devaient contenir que des boutiques, au reste d’un modèle déterminé : 516. Lors de la grande immigration de 1923, on dut entreprendre d’autres constructions neuves pour loger les réfugiés. La ville les édifia dans le quartier des « Campagnes », au Sud-Est. Toutes ces bâtisses s’élevaient simultanément. En 1926 étaient achevées 821 maisons à appartements dans la zone incendiée, 510 boutiques à la place de l’ancien bazar, 974 maisons dans les « Campagnes », au total 2 305 immeubles neufs. Les deux premiers types avaient coûté 641 215 000 drachmes, l’autre 184 003 000. Donc, au total une dépense de 825 215 000 drachmes, soit, en tenant compte de la variation de la drachme en ces années difficiles, 3 270 217 livres sterling. On peut mesurer par ces chiffres l’effort financier accompli. Ainsi cette œuvre était rendue possible par la collaboration des autorités, des techniciens et des intéressés. Le terrain était déblayé pour la reconstruction selon les règles d’un urbanisme, non théorique, mais adapté aux conditions de temps et de lieu. Les intérêts généraux étaient sauvegardés par l’adoption du plan d’ensemble (légèrement modifié en mai 1921). Les intérêts particuliers des propriétaires anciens étaient respectés par la classification des lots en catégories et en secteurs, les bons n’étant acceptés en paiement que pour le secteur et catégorie dont faisait partie l’ancienne propriété. Les petits mêmes, trop pauvres, purent, en groupant leurs bons, se porter acquéreurs de lots. Et, à la place des rues étroites et tortueuses de l’ancienne Salonique — où les espaces libres n’occupaient que 22,5 % de la surface — allait s’élever une Salonique aérée, hygiénique sans être dévorée par le soleil, monumentale sans cesser d’être pratique ni commerçante. Les problèmes d’urbanisme technique. —Une ville, ce ne sont pas seulement des maisons. Sur le problème de la construction proprement dite se greffent foule de problèmes techniques, qui sont surtout du ressort de l’ingénieur. Ce fut un Français encore, l’ingénieur Pleyber, qui, d’accord avec l’auteur du nouveau plan, M. Hébrard, fut chargé de les résoudre. Ils se ramenaient à quatre essentiels : la voirie, l’évacuation des eaux insalubres, l’alimentation en eau potable, la distribution de l’éclairage et de la force motrice2. La question de la voirie dépend pour une large part du caractère de la ville. Salonique est une ville éminemment commerçante. Il y faut donc une circulation rapide et facile. Mais Salonique est une « Échelle », et à pente raide si l’on peut dire. Il faut donc, avant toute chose, pour permettre les communications aisées, corriger la raideur naturelle des pentes, aménager des gradins entre les différences 1. Bulletin de la reconstruction de Salonique, édité par le Bureau civil de la Reconstruction (organisme privé fondé pour assumer la défense des sinistrés) : n° 1, janvier 1922. — Un premier exposé d’ensemble a été présenté par Lavedan (Pierre) : Un problème d’urbanisme : la reconstruction de Salonique (Gazette des Beaux-Arts, septembre-octobre 1922, p. 231-248). Les plans et dessins ont été publiés par le créateur de la nouvelle Salonique lui-même : Emest-M. Hébrard et R. Dreyfus : La reconstruction de Salonique, in-4°, s. 1. n. d. (mars 1927), 10 p. et 10 fig. 2. M. Pleyber a exposé son plan dans une conférence de la Mission laïque française, reproduite dans ¡’Opinion (de Salonique) des 4-10 avril 1921, sous le titre: La Salonique future.