246 LA MACÉDOINE BULGARE ET LES MACÉDONIENS EN BULGARIE. cependant nombreuses et bien entretenues. De telle sorte que le Commissariat dut imposer au gouvernement bulgare l’octroi en franchise de bois de construction étrangers, de Roumanie par exemple. Immédiatement le prix de revient d’une maison fut abaissé de 4 %. Un second mode de construction est le travail du réfugié lui-même. Le bureau d’architectes de la Direction a standardisé les types ; le personnel de la Direction, les inspecteurs locaux, surveillent la construction. Mais c’est le réfugié qui se met à l’ouvrage. Le seul désavantage est que le colon, pour son approvisionnement, est à la merci du marché local. Il faut souvent en outre lui apprendre à bâtir : il a, par exemple, l’habitude de construire en briques séchées, suivant la coutume indigène, mais ces briques de torchis ne sont solides que quand la terre s’y prête, quand la fabrication est très soignée. Après expérience le Commissariat a décidé de n’autoriser que la construction en briques cuites au four ou en pierres, d’un prix de revient sans doute supérieur, mais d’une solidité sans conteste. Le plus grand avantage de cette méthode est d’éviter les longs et durs charrois : la plupart des villages, où les maisons s’ajoutent, sont loin des grandes voies ; les années pluvieuses ont encore augmenté les difficultés habituelles. Le 15 février 1930, en plein hiver, saison où les constructions sont en général arrêtées, étaient achevées 3 731 maisons (dont 3 246 par des entrepreneurs privés), 2 869 hangars (dont 2 490 par les entrepreneurs), 3 257 étables (dont 2 824 par les entrepreneurs) ; étaient en cours de construction 1 962 maisons (1 207 à l’entreprise), 1 468 hangars (890) et 1 736 étables (1 094). Ces maisons sont construites en général dans des villages anciens, plus exactement à leurs portes. Ce sont des quartiers neufs qui s’élèvent, parfois dans une situation meilleure que l’ancienne agglomération, sur une légère éminence, avec une exposition mieux choisie. Les vieux villages bulgares ont tendance à se cacher dans les fonds des vallées humides. Les quartiers, qui flambent neuf sous leur blanc crépissage, ont été établis dans des sites plus sains, pourtant à proximité des indigènes, pour bénéficier des routes, assez malaisées à construire déjà. Ou bien ce sont simplement deux ou trois maisons qui s’ajoutent à l’ancien village. Ainsi dans le département de Bourgas, qui reçut plus de la moitié des constructions prévues pour toute la Bulgarie, ces habitations sont réparties entre 307 villages existants ; on n’y a créé que 19 villages de colons nouveaux. Le premier village de cette sorte, inauguré dès novembre 1926 et fondé au reste par des ressources spéciales, est le village d’Athollovo (Atolovo). A 23 kilomètres Nord-Est de Iambol, à 2 kilomètres Est du vieux village de Straldja, sur une partie desséchée du marais de Straldja se dressent les maisons blanches, alignées, souvent dos à dos, les terrasses exposées au midi, entre des champs d’orge, de maïs, de betteraves. Les marais de Straldja s’étendaient sur 4 800 hectares. On en a asséché 1 960. Deux canaux, de 8 et de 5 kilomètres, ont été creusés par les troudovatsi, la main-d’œuvre du travail obligatoire. Il est vrai que ce travail, commencé par les ingénieurs bulgares, a été mal mené : on a négligé le ruissellement des dernières pentes du Balkan proche ; dès 1928 le canal d’assèchement menaçait de disparaître ; les berges s’écroulent et tout va à vau l’eau. Le village a été bâti sur l’initiative du Save the children, la société de bienfaisance anglaise, présidée par lord Atholl, qui y a dépensé 6 750 000 leva