LES COLONIES RURALES. 159 Il est naturellement impossible d’énumérer tous les genres de vie : des cultivateurs, plus jardiniers que laboureurs, se spécialisent dans la culture des mûriers (Voémitsa, Verria, Edessa, Enôtia (Karadjova) et Flôrina) ; d’autres, dans les roseraies et la fabrication de l’essence de roses, émigrés de Bulgarie et d’Asie Mineure (à Verria, Edessa, Drama), dans la culture des fruits (Ossé-nitsa), dans celle du chanvre (Giannitsa). C’est le tabac qui occupe la plus grande partie des spécialistes, surtout dans la Macédoine orientale : Familles Bureaux Total cultivant le tabac Drama....................................15 126 9 653 Kilkis....................................10 114 1571 Sidirocastron..............................7 286 1 525 Naturellement, toutes ces colonies ne sont pas également prospères. Certains colons, surtout les cultivateurs de tabac, ont déjà une certaine aisance : à la fin de 1927, on estimait à un tiers les riches établissements agricoles. On les reconnaissait de loin au silence des jours ouvrables : en été, tout le monde est au champ ; la steppe des environs de Salonique où, il y a dix ans encore, on ne rencontrait guère que le berger classique, drapé dans sa houppelande et guêtré de cnémides de laine, est transformée en un immense jardin maraîcher, où les légumes de toutes sortes alternent avec les céréales. Quand on pénètre dans ces villages, on ne rencontre que de rares vieilles femmes qui boulangent, filent leur quenouille ou tissent la laine au métier. D’autres colonies présentent un aspect moins florissant : 40 % environ vivent encore d’une vie étriquée ; ici l’effort n’a pas toujours été à la hauteur des ressources fournies. Certains colons d’Asie Mineure, habitués à une vie facile, à un labour aisé sur des terres fertilisées par le travail des générations, ont trouvé une plus dure besogne. Ce sont gens qui se pressent encore aux bureaux de la colonisation, qui réclament des prêts supplémentaires, le défrichage d’un coin du maquis, des bêtes de trait et de labour à remplacer ou à soigner : l’adaptation n’est pas faite encore, mais de jour en jour se poursuit. Enfin, d’autres ne sont pas sortis de la mauvaise période initiale : ils n’ont pas réagi encore, ont laissé accumuler les dettes du début, n’ont entretenu ni maisons ni champs. Il s’agit d’une minorité, petite mais réelle. Ce sont, le plus souvent, des citadins qui n’ont pu s’adapter à la vie rurale. C’est à eux qu’est dû le déchet des statistiques. Le nombre des familles installées sur la terre a subi, en effet, une légère diminution de 1926 à 1928 : Familles hurai.es Réfugiés établis au 30 juin 1926 ................................116 403 430 295 au 31 juillet 1927 ............................115 828 436 675 au 31 décembre 1928 .........................113 216 446 560 perte inévitable et insignifiante, compensée au reste par l’accroissement des naissances. Les céréales. — Sur les 662 596 hectares cédés aux réfugiés agricoles, il n’y avait que 414 632 hectares cultivables, le reste étant des bois, des maquis, des steppes de plaines et pâtures de montagnes. Dès la première année, 150 000 hectares furent cultivés, 178 000 la seconde, et, depuis, environ 194 000. La