LES CONDITIONS DE LA RECONSTRUCTION. 301 villes orientales sont nombreuses ; elles le sont peut-être encore davantage à Salonique, ville située en partie sur des terrains d’apports récents, bas et marécageux, où les torrents dévalent en hiver, où les eaux stagnent en été, où les rues servent d’égouts et où le drainage vers la mer se fait mal. Il faut donc s’attaquer à la fois aux eaux superficielles et aux eaux résiduelles. Les torrents, qui, dévalant de la montagne, débouchent dans la ville même, doivent être endigués, canalisés, et surtout, pour diminuer leur état de torrentialité très prononcée, il faut mettre en culture le plus possible les zones de ruissellement, qui sont aux portes mêmes de la ville, vers le Nord-Est en particulier ; il faut aussi recueillir les eaux superficielles dans des égouts secondaires et dans un grand collecteur. D’autre part au « tout à l’égout » unique on préféra le « système séparé » : il présente le grand avantage de ne pas tout envoyer et perdre dans la mer. Les eaux superficielles, anodines, peuvent y être amenées. Les eaux résiduelles, on en doit tirer un autre parti. On cherchera donc à construire un réseau spécial pour les matières et liquides infectieux, qui doivent être évacués hors de la ville, à grande distance, épurés dans des usines, et, abandonnant les eaux, peuvent, répandus sur un sol de drainage facile, transformer les terres infécondes. Or, les environs Ouest de Salonique, entre les embouchures du Gallicos et du Vardar, formés d’alluvions sableuses, donc perméables, peuvent constituer d’admirables champs d’épandage, et ces mauvaises terres peuvent devenir de merveilleux jardins maraîchers. Les débuts de cette expérience ont été topiques : la banlieue Ouest de Salonique, il y a dix ans steppe sablonneuse, entrecoupée de marais, produit aujourd’hui tous les légumes nécessaires à l’alimentation de la ville, se met en quête de marchés d’exportation. Le troisième problème — celui de l’alimentation en eau — n’est pas le plus difficile. Aux pieds de massif granitique, Salonique fut toujours pourvue d’eau potable et l’aqueduc de Kirechkœil, venu à peu de distance du Nord, aboutit à l’enceinte septentrionale de la ville. Mais il ne donne que 10 litres par tête et par jour, ce qui est évidemment insuffisant pour les besoins hygiéniques, pour les usages industriels d’une ville de 244 000 habitants. Or, les réserves d’eau de la Macédoine centrale sont énormes, et peuvent parfaitement fournir à Salonique les 300 à 400 litres qui sont nécessaires quotidiennement à chacun de ses citadin. Les calculs de M. Pleyber estiment que, pour commencer, il suffirait de capter les sources du lit sablonneux du Gallicos moyen : on obtiendrait ainsi 50 000 mètres cubes par jour. Plus tard, on pourrait amener par aqueduc les eaux excellentes du lac de Doïrane, distribuer de cette manière pas moins de 150 000 mètres cubes par jour. Il est vrai que le gouvernement, à cet égard, a reculé devant la dépense.. Dernier problème, celui de l’énergie électrique. L’usine du gaz existe, mais les canalisations, au reste en partie détruites par l’incendie, sont notoirement insuffisantes. On peut à la fois donner à la ville l’éclairage et la force électriques, qui lui manquent. La commission de spécialistes, nommée aux fins d’études, a conclu au captage des chutes d’eau du pourtour de la Campania salonicienne, en particulier des chutes de Vladovo et d’Edessa. Ces deux chutes, d’un débit minimum, estival, de 15 et de 21 centimètres cubes, peuvent fournir 53 000 CV, 100 millions annuels de kilowatts-heures. Les frais d’installation sont évalués sur place à 11 millions de drachmes-or, à quoi il faut ajouter le transport de la force à distance, à Salonique. Ce sont de forts débours, mais qui ne sont pas impos-