l’institut d’hygiène de skoplié et la. lutte ANTIPALUDIQUE. 77 éducation. Ce peut être la tâche du prêtre, de l’instituteur. Nouvelle collaboration. Le problème, ici encore, cesse d’être, exclusivement, celui de l’hygiéniste : il demande d’être résolu par un effort de toute la société. En somme toutes les méthodes sont bonnes, qui permettent d’obtenir le résultat cherché. L’exemple est donné à l’institut et dans les cinq stations antipaludiques modèles, qui sont directement sous ses ordres, trois dans le bassin de Skoplié, une à Vélès, une à Izvor. Là ont lieu les premières expériences de la lutte purement médicale : la guerre au moustique, l’aide apportée à l’homme, « désanophélisation » et « quinisation ». Cet homme, protégé, armé, doit vivre dans un milieu salubre : à l’assainissement biologique se superpose l’assainissement local. L’assainissement biologique. — Mettre l’homme en état de défense contre le parasite que l’anophèle introduit par la piqûre, rendre en tout cas la maladie plus bénigne et non mortelle, espacer le nombre des attaques, donc gagner des journées au travail, à la culture. Voilà la première besogne, relativement facile. Aussi distribue-t-on la quinine, et gratuitement. Un personnel éduqué parcourt les régions infectées durant la saison paludéenne (mai-octobre), distribue sur place la quinine. On n’a pas donné, sur tout le territoire de l’institut, moins de 700 kilos de quinine pour chacune des années 1927, 1928, 1929. Au total les malades paraissent augmenter : c’est que d’année en année s’accroît le nombre des paysans qui se font soigner, qui cessent d’être sceptiques. Au début ils refusaient la quinine ; maintenant ils viennent la chercher. En revanche, dans les zones auxquelles on s’est attaché tout d’abord, qu’on n’a pas lâchées depuis le début, la distribution de la quinine semble moins nécessaire : on en a fourni, dans la circonscription de la « Maison de santé » de Bitolj, 70 kilos en 1925, 48 en 1920, 26 en 1927. On y constate par des analyses bactériologiques que le nombre des paludéens passe en trois ans de 23 056 à 21 231 et à 8 155. La quinine est moins utile. C’est au moustique même qu’il faut aussi s’en prendre. Pour cette « désanophélisation » on use de tous les moyens. Ainsi la région de Skoplié a été divisée en 5 secteurs de chasse. On y a d’abord repéré tous les gîtes de larves, temporaires ou permanents. Les premiers peuvent aisément disparaître par de petites bonifications, canaux d’évacuation des eaux, désherbage, etc. Dans les seconds on a introduit un petit poisson, la gambousia affinis, qui mange les larves, mais veut de l’eau permanente. On a ainsi fait disparaître l’anophèle des jardins publics de la ville de Skoplié, des petits bassins qui, jadis, étaient des réceptacles de larves. La méthode de lutte antilarvaire qui s’est révélée la plus efficace, la plus pratique, c’est l’arrosage par le « vert de Paris », préparation arsenicale (sel double d’oxyde et d’arséniate de cuivre^, mélangée dans la proportion de 1 pour 99 de poussière de rue. L’évolution des larves dure douze jours au printemps. Il convient d’arroser les gîtes tous les huit jours, pour éviter que les larves ne grandissent. C’est ainsi qu’on agit à Skoplié même, quand on constata, en 1928, une recrudescence du paludisme. Dans la ville et autour, dans un rayon de 3 kilomètres, furent marquées toutes les eaux stagnantes, en relevant aussi un certain nombre d’étables, où les moustiques captés devaient servir de contrôle. Du 9 au 30 avril 1928 on repéra ainsi vingt-cinq gîtes de maculipennis, d’une superficie