LA SECONDE COLONISATION. 99 meilleur (4,44 à l’hectare au lieu de 3,40). La superficie ensemencée des cultures maraîchères augmente d’un millier d’hectares (5 978 ha. en 1922, 6 901 ha. en 1928). Les prairies fauchées passent de 18 065 à 28 117 hectares, fournissant 429 048 quintaux de foin, sans compter les 171 682 hectares de pâturages de haute montagne. La superficie totale des vignobles a diminué (5 368 ha. en 1928, contre 8 752 en 1921) ; mais la récolte est singulièrement plus abondante : 101 085 hectolitres de vin, au lieu de 77 187, soit une production du tiers supérieure. Le nombre des arbres fruitiers, qui était de 793 256 sept ans auparavant, se chiffre en 1928 à 1 752 086, soit plus du double : pruniers, surtout dans le département de la Brégalnitsa, pommiers et poiriers surtout dans celui de Bitolj, noyers et châtaigniers dans celui de Skoplié. Ces derniers chiffres montrent bien la nature de ces progrès agricoles. Ce n’est pas tant par la quantité des terres cultivées que la Macédoine de 1928-1929 diffère de celle de l’après-guerre. La culture extensive commence à devenir intensive : le rendement des céréales s’améliore ; la petite agriculture jardinière occupe une place plus grande. Les méthodes sont plus fécondes. Les fermes modèles, comme celles de Gornié Lissitchié (100 ha.) ou d’Idrizovo (50 ha.), près de Skoplié, donnent l’exemple. Et le colon, moins réfractaire que l’indigène, le propage dans le village. Les cultures industrielles. — La Macédoine n’était guère un pays de cultures industrielles. Hormis le tabac, encouragé par le gouvernement ottoman, il n’y en avait pas avant la guerre. A l’automne, les routes se couvraient de la foule des petits chevaux et des ânes qui portaient, en trottinant, dans leurs hottes, les feuilles vertes et inégales : petites feuilles fines de Stroumitsa, feuilles lancéolées de Prilep, feuilles laurées et sans dentelures de Skoplié, larges et fortes feuilles de Tétovo s’en allaient vers les murs enguirlander au soleil tous ces petits bourgs affairés. C’étaient des sortes orientales, de ce tabac blond, qui a gardé, ici même, les noms des lieux d’origine : car on dit le Xanthi pour le Prilep et le Zichni pour le Skoplié. La Macédoine produit encore la moitié de tout le tabac iougoslave (2 860 tonnes sur 5 871 en 1928, qui fut une mauvaise année). Et l’État en tire un important revenu : le Monopole achète au cultivateur son kilog jauni 10 à 20 dinara (5-10 fr. environ), pour le revendre à Salonique jusque 120 drachmes, soit 40 francs, bénéfice appréciable. Ce sont les terres fortes qui conviennent au tabac. Ces coteaux à fond de quartz, de granité et de gneiss, triturés par les eaux pluviales, dont les pentes assurent l’écoulement et l’exposition au soleil, sont particulièrement propices. Les années trop sèches sont néfastes au tabac : témoin 1927 et 1928. Le nombre de pieds tomba de 816 millions en 1926 à 390 et 378 les années suivantes. La récolte baissa de moitié. Arrondissements 1926 1927 1928 (en tonnes) Prilep.................... . . 1 738 953 851 Skoplié................... 1 686 978 842 Bitolj.................... . . 550 220 120 . . 649 267 171 Stroumitsa.................. . . 327 109 153 Badovichté.................. . . 324 75 88 Vélès..................... . . 76 23 9 Total pour la Macédoine iougoslave . . . . . . 7 735 2 942 2 860