LES MÉTHODES DE LA COLONISATION. 243 Banque agricole : le colon ne peut vendre son bétail. En outre la Direction des réfugiés a institué un fonds d’assurance, qu’elle gère elle-même et qui est fait des primes que verse obligatoirement l’émigré : c’est que la mortalité du bétail atteint cette année — épidémie de fièvre aphteuse — plus de 3 %. On a distribué en deux ans plus de 19 000 têtes de bétail, surtout bœufs et chevaux, puis buffles et vaches. De la même manière a lieu l’achat et la distribution des semences. Chaque famille, installée dans la première saison (printemps 1927) a reçu 338 kilogs de graines. Ce sont surtout des céréales — blé tendre et orge surtout — : le réfugié pourra avoir, dès la première récolte, des aliments pour soi et pour son bétail. On chercha aussi à fournir des graines sélectionnées : la terre a besoin alors d’une préparation spéciale ; on se contenta de donner 200 000 kilogs de blé dur en l’automne 1928, sous la direction des agronomes-Au total furent répartis, au printemps 1927, 1 782 323 kilogs de graines, dont 978 863 de blé tendre et 561 495 d’orge, puis du blé dur, du seigle, de l’avoine, du maïs, des vesces et des haricots. A l’automne 1927 et au printemps 1928 furent encore remis aux mains des réfugiés 1 945 904 kilogs, surtout froment et orge, puis seigle et maïs. Les surfaces ensemencées de céréales, les récoltes s’accroissent d’année en année en Bulgarie ; les nouveaux colons y sont pour quelque chose : 1926 : 2 335 000 hectares et 2 344 000 tonnes ; 1927 : 2 430 000 — 2 349 000 — ; 1928 : 2 468 000 — 2 623 000 — ; 1929 : 2 568 000 — 2 542 000 — ; La livraison du matériel réclamait d’autres méthodes. Il fallait assurer aux colons des charrues, herses et chariots, sans compter les petits instruments et les bateaux de pêche, attribués aux réfugiés du littoral. Pour donner du travail aux petits artisans, pour être certain de fournir des outils parfaitement adaptés aux besoins et aux habitudes locales, on pensa les commander aux artisans ruraux. Mais groupés par les Banques populaires, ils imposèrent de tels prix que le Commissariat, économe des deniers de l’emprunt, refusa de les suivre. On en passa en Bulgarie par adjudication ou à l’étranger la commande : les herses furent fabriquées par un industriel bulgare ; les charrues vinrent de Tchécoslovaquie et servirent de modèles à nombre d’indigènes, qui utilisaient encore les rudimentaires araires de bois ; les barques de pêche, imitées des grecques, furent souvent construites sur place ; les filets et engins spéciaux pour la mer Noire furent cherchés à Constantinople. Seuls les chars et chariots à quatre roues lourdes furent laissées à la main-d’œuvre indigène ; dans presque tous les villages les menuisiers ne chôment pas, et l’on voit partout aux portes ces voitures neuves, que les paysans appellent les « Charron », du nom du Commissaire qui les leur donne. En novembre 1928, 6 353 voitures, 9 232 charrues, 2 207 herses étaient livrées aux agriculteurs ; 48 bateaux à la proue relevée pour fendre les hautes vagues de la mer Noire, 7 456 kilogs de filets à harengs ou accessoires allaient être accordés pour la saison de pêche aux coopératives de réfugiés du littoral. La construction des maisons et le site des villages. — Le nombre des maisons à construire — 16 000 environ — est inférieur à celui des parcelles distribuées. Les réfugiés sont en effet arrivés peu à peu, et beaucoup possédaient déjà un foyer rudimentaire, tout construit de leurs mains. Aussi s’agissait-il