LES COLONIES RURALES. 165 plus nombreux furent les petits cultivateurs qui à une terre médiocre pouvaient ajouter les ressources subsidiaires de l’élevage. Aux colons des districts montagneux de la frontière, et qui arrivaient sans bétail, l’Office fournit 20 brebis par famille (22 972 têtes dans la circonscription de Drama, 13 036 dans celle de Sidi-rocastron). Aux autres, mi-cultivateurs mi-pasteurs, on donna de 6 à 10 têtes (4 892 têtes dans le district de Cozani, 4 657 dans celui de Cavalla, 4 050 dans celui d’Axioupolis-Voémitsa). On alla chercher les brebis dans les pays voisins, Bulgarie, Iougoslavie : l’Office distribua 57 709 brebis et chèvres, l’Ëtat grec 53298. La distribution du gros bétail était indispensable à la culture. Ce cheptel avait été très éprouvé par les guerres balkaniques, les dix ans de guerre précédentes. Il fallait donc le reconstituer. On alla se ravitailler dans les pays les plus proches, bœufs de Iougoslavie ou de Turquie, chevaux de Hongrie, d’Albanie, de Slavonie et de Bosnie, ânes et mulets d’Italie et de Chypre. L’Office ne distribua pas moins de 630 775 bêtes en Macédoine : 58 894 animaux de labour, bœufs, buffles et chevaux, 10 073 bêtes de somme, petits chevaux, ânes et mulets; on doit y joindre les 57 903 animaux de trait ou de labour acquis par l’État hellénique, livrés aux colons macédoniens. On chercha à procurer deux bêtes par famille de cultivateurs1. On voulut en même temps profiter de ce repeuplement en bétail de la Macédoine pour améliorer les races : d’abord par l’extension des cultures fourragères, entre autres le trèfle et la luzerne, dont nous savons le rôle comme plantes d’assolement des céréales ; une luzernière de 500 hectares est créée à Bizovo, près d’Edessa, dans une région d’irrigation facile aux pieds mêmes de la Nitcha. Ensuite, on institua des fermes-modèles, à Salonique pour la Macédoine centrale, à Cozani pour l’Ouest, à Pravi pour l’Est. Celle de Pravi renfermait en 1927 un cheval hongrois, un âne cypriote, un taureau métis de Jersey, trois taureaux pur sang bretons, un taureau pur sang limousin : à côté de la station d’étalons, les champs d’expérience des cultures fourragères, trèfle, luzerne, et de plantes à pulpes pour la nourriture du bétail. Enfin, on établit des sous-stations moins importantes, à Menvi (dans la presqu’île de Cassandra), Langada, Giannitsa, Verria, Grévéna et Névoliani (1 km. S. de Flôrina). Une « caisse de protection de l’élevage » créa un laboratoire de microbiologie, qui étudie et combat les épizooties, répand l’usage de vaccins et de sérums : charbon et gale des brebis, gourme des chevaux, peste bovine, qui fit deux fois son apparition. La grande étable de Salonique concentre le bétail importé et malade : par exemple, en 1925, 1 632 animaux, sur lesquels 1 418 furent guéris. Pour éviter une mortalité excessive du bétail, pour pousser les paysans à des soins plus assidus, l’Office a préféré encourager l’élevage sédentaire : on traça dans certaines zones, région de Kilkis ou Chalcidique, des parcs d’élevage où l’on concentrait des troupeaux déterminés ; on invita les réfugiés à ne pas étendre la pâture même sur les terres incultivables, qui n’occupaient pas moins de 227 352 hectares ; mais aussi, on dut lutter pour éviter l’accaparement des prairies par les cultivateurs, installés déjà à demeure, et qui ont vite tendance à agrandir par des fumures leur domaine à défricher. Nous touchons ici à un épisode de ces luttes séculaires entre l’agriculteur sédentaire et le berger. 1. I.e nombre des bœufs servant au labour passe ainsi en Macédoine de 93 402 en 1923 à 165 621 en 1927 ; des chevaux de 9 532 en 1923 à 31 306 en 1927 ; des vaches de ferme de 24 972 à 47 526 ; des porcs de 31 700 à 97 450.