- ! 29 — passer devant l’opinion publique européenne pour un aveugle instrument des suggestions autrichiennes !1 Et aux gens qui, de bonne foi, induits en erreur par une propagande immorale, mettraient en doute l’honnêteté des élections populaires, source de ce vote national, et, en même temps, aux inconsolables qui accusent de corruption le suffrage populaire dalmate, Cavour a répondu d’avance par ces paroles du mois de juin 1860 : « Pour établir une nationalité, a-t-il déclaré alors, il ne suffit pas que le pays dont on parle ait vu naître dans son sein de grands citoyens que leurs sentiments attachent naturellement à la nationalité en cause ; mais il faut qu’à cette nationalité appartienne la masse de la population. » Faisant allusion au plébiscite de Nice, Cavour ajoutait : « Malgré la séduction, 1 Angelo Vivante, dans un chapitre très suggestif, sur la lutte nationale italo-slave à Trieste et dans la Vénétie Julienne dit admirablement : « Ce serait sortir de la réalité et se créer une Autriche factice que de lui attribuer, comme la rhétorique nationaliste le fait souvent, un programme systématique d’extirpation des Italiens de la région julienne. Abstraction faite de tout jugement sur la possibilité de ce plan, il suffit de songer que sa conséquence, c’est-à-dire la formation d’une région adriatique slave de Monfalcone à Spizza, heurterait profondément des idéologies et des intérêts allemands, qui sont encore très puissants dans l’Etat autrichien ; et de songer aussi aux répercussions dans le domaine de la politique étrangère. » Op. cit., page 143. 9