— XCVI — dire une partie du comté de Spalato (le petit Etat libre de Poglizze) et puis une bande importante qui s’étend de Vembouchure du fleuve Narenta jusqu’à l’entrée des Bouches de Cat-taro et qui formait avec les îles de Lagosta, Meleda, Giuppana, Mezzo et Calamotta le territoire de la république de Raguse, demeure indépendant de Venise. C’est un fait d’une haute importance. Ce fait réduit à néant la légende simpliste d’une Dalmatie complètement vénitienne. L’existence d’une Raguse indépendante sur l’Adriatique interrompt l’usucapion vénitienne, introduit une permanente solution de continuité dans la souveraineté territoriale vénitienne. Raguse est comme un résumé vivant de l’histoire yougoslave adriatique, l’expression matérielle des liens qui, malgré des événements contraires, subsistent entre la côte adriatique et son arrière-territoire. Si le pays n’était slave ou balkanique, Raguse n’aurait pu exister. Elle n’est pas le produit artificiel d’une fantaisie politique. Elle est une réalité. Elle s’est soustraite à la domination vénitienne comme les autres villes dalmates auraient pu le faire. Elle a encouragé dans le courant du XlIIme et du XlVme siècles, les autres communes dalmates à s’opposer à la conquête impérialiste de Venise et à reprendre leur place naturelle dans un organisme homogène. Les circonstances ne le permirent point. Les autres villes capitulèrent. Il