— 202 — Le désaccord si déplorable qui, pendant vingt-cinq années (1878-1903), a divisé les Serbes et les Croates est désormais dissipé par l’irrésistible force des événements. Mais c’est lui qui a fait naître la fausse opinion qu’il y avait n’est que grâce à l’alliance avec les Allemands que les Italiens ont pu conquérir la majorité au Conseil Municipal). Le maire de Spalato ne se soutenait plus que par une politique municipale de pots-de-vin et par des supercheries électorales fantastiques. Son prestige s’était évanoui. Le bas peuple, qui ne comprenait pas un mot d’italien, le lâchait, après l’avoir idolâtré. On ne s’expliquait guère plus cette anomalie d’une grande commune entièrement slave régie par une oligarchie qui, tout en se déclarant slave pour briguer les votes populaires, perpétuait un régime vénitianisant. Les nouvelles élections se firent en juillet 1882. De 36 conseillers municipaux, 30 croates furent élus contre 6 autonomistes. Depuis lors, la Commune de Spalato est entièrement slave, comme, d’ailleurs, toutes les communes dalmates, sauf Zara. (On verra plus loin, Appendice IV, pourquoi et comment). Loin d’avoir voulu ce changement, le gouvernement autrichien — malgré la politique anti-Taafienne de M. Bajamonti — ne s’y était décidé qu’à son corps défendant, poussé par la marée du slavisme. Vienne se souciait médiocrement d’avoir la jeune et vigoureuse Slavie, réclamant à cor et à cri l’union de la Dalmatie avec la Croatie et la Bosnie, installée à la place d’un parti vieillot, anémié, aulique, prêt à toutes les concessions, docile à tous les ordres du gouvernement central, pourvu, qu’en retour le gouvernement lui délivrât carte blanche pour