— 38 — nées », il est très certain, en revanche, que les montagnes qui servent de colonne vertébrale à la Dalmatie ne sont pas assez hautes ni assez escarpées pour empêcher les idées de circuler entre la plaine et la mer. Après un siècle d’expériences douloureuses, l’idée s’est désormais évanouie d’une étape sur la route de l’union intégrale de la nation, par l’union de pays qui ont l’affinité de langue, de foi et de sang, dans le cadre du droit historique de la Couronne de Saint-Etienne, héritière de la Monarchie nationale croate. Cette idée est maintenant noyée dans une mer de sang — preuve posthume qu’elle était bonne, puisqu’elle eut contre elle la féroce hégémonie magyare, la soif allemande de domination et la claire vision des peuples de proie qu’il n’y avait là qu’un acheminement à la réalisation de l’unité yougoslave. Cette idée, dis-je, fut pendant un demi-siècle l’étendard hautement déployé par une indomptable phalange de Slaves dalmates élevés en Italie. Ce fut le « signe de contradiction » entre les fils de la même mère, « l’étoile polaire » qui, après un rude combat s’attacha, par une force spontanée et irrésistible, le vœu presque unanime du peuple dalmate. Mais l’idée politique fut précédée par l’idée de la plus large fraternité spirituelle, par le « mouvement illyrien » de 1830 à 1842.