deur. Les nouvelles populations, identiques à celles qui les accueillaient, prirent place, sans secousses ni opposition, aux foyers dalmates. Le second phénomène, c’est le soudain épanouissement littéraire slave à Spalato, dans les îles et à Raguse. Nous en parlerons dans ce livre. Nous nous bornerons à cette place à une remarque générale. Il n’y a pas d’exemple dans l’histoire de l’Europe d’une aristocratie qui aurait écrit en prose et en vers et qui aurait formé toute une littérature dans la langue d’une minorité vaincue ou intruse. Il faut donc bien se rendre à l’évidence. La littérature serbo-croate en Dalmatie du XVe au XVIlle siècles est un produit spontané du sol dalmate. Une œuvre de valeur inégale, mais si considérable qu’elle occupe plusieurs volumes in grand-8 dans l’édition des « Vieux écrivains croates » de VAcadémie Yougoslave de Zagreb, n’est pas le produit du hasard ou d’une importation artificielle et factice. Elle est bien l’expression profonde d’un sentiment voire même d’un simple besoin physiologique: ces hommes obéissaient à la voix du sang. Les Maroulitch, les Goundoulitch, les Mentchetitch, les Palmotitch, les Gjorgjitch, les Hektorovitch, les Naglieshkovitch, les Drzitch et nous en passons et des grands, tous ayant plusieurs quartiers de noblesse, sous le gouvernement de Venise ou sous celui de Raguse, ils se reconnaissaient par un même signe : la communauté de langue et l’ardent désir d’exprimer