— 208 - Tel celui qui peut-être de la Croatie vient pour voir notre Véronique et, à cause de son antique renommée, ne peut s’en rassasier ; mais dit dans sa pensée, tant qu’on la lui montre : Mon Seigneur Jésus-Christ, Dieu véritable, voilà donc quel était votre aspect ?1 La partie serbe de la nation parvint un moment au faîte du pouvoir impérial. Venise, alors puissante, et Rome aussi lui firent la cour. Tantôt, la monarchie serbe débordait en Bosnie et en Croatie, jusqu’aux plaines slavones et aux fertiles collines du Sirmium ; tantôt, elle déployait son autorité en Dalmatie, annexait Cattare et faisait alliance avec Raguse, qui, deux fois, vit dans ses murs l’Empereur Etienne IV, le Douchan des chants nationaux. Mais une sorte de Duché de Bourgogne — la Bosnie — contesta à la Serbie la primauté politique dans notre race. Les bans de Bosnie eux aussi, ceignirent le diadème royal et prirent le titre de Rex Croaiiae, Dalmatiae et Serviae. Us étendirent leur domination jusqu’aux portes de 1 Qual è colui che forse di Croazia Viene a veder la Veronica nostra, Che per Vantica fama non si sazia ; Ma dice nel pensier, fin che si mostra : Signor mio Gesù Cristo, Dio verace, Or fu si fatta la sembianza vostra ? Paradiso, XXXI. 103-109.