— 213 — dans les rues d’une ville nationale, finalement les explosions d’enthousiasme populaire pour les victoires des armes serbes à Kumanovo et à Prilip. Echo lointain, mais toujours vibrant, du même idéalisme, de l’enthousiasme pour la délivrance des frères serbes qui s’éveilla en 1875, lorsque le comité serbo-croate patronné par le député Galli correspondait avec Gari-baldi. De la grande catastrophe de Kossovo, de la plaine fatale où maintenant pour la quatrième fois, se décident les destinées de la nation serbo-croate — prit jadis son essor le chant illy-rien, qui durant la longue nuit ottomane, devait être le signe de ralliement des deux races, l’indestructible symbole de l’unité nationale et de la foi dans la résurrection. Que de séparations créées entre les Serbes et les Croates ! Barrière de sang tracée par le fer ottoman ; barrières de police établies par cet autre Empire qui dépassa en perfidie l’Empire turc, puisqu’il fut le persécuteur systématique de l’âme populaire à laquelle, jamais, le Turc n’avait porté atteinte ; cordons militaires, régimes agraires ; Eglises différentes ; civilisations superposées ; incessant travail de dissolution morale et de dénationalisation ! Et cependant, les Serbo-Croates offrirent toujours au philosophe, à l’historien et à l’homme d’Etat un perpétuel sujet de méditation et de haute admira-