- 285 — les compétitions extérieures. Nous, non pas. Dans une semblable nécessité, nous ne pouvons nous référer qu’au principe qui nous a donné la vie et qui toujours tient rassemblée une masse de populations imparfaitement fondues sur un territoire diversifié par des intérêts souvent discordants. Celui qui eut et qui a de la valeur pour nous, celui qui nous apparaît comme une règle éthique supérieure aux expédients de circonstance, doit aussi, au dehors et autour de nous, valoir universellement. D’autant plus qu’à cet égard notre situation géographique ne nous impose pas un sacrifice trop grand. Comme l’Angleterre, par ses mers, nous sommes, par la chaîne de nos Alpes, séparés du reste de l’Europe et placés dans de particulières conditions de quasi insularité. Nous ne ressentons aucune de ces puissantes attractions de conquête qui, souvent, ont poussé les peuples à la conquête de la suprématie. Mais nous sommes avant tout désireux de ne voir aucun Etat européen déborder jusqu’à menacer matériellement nos frontières et jusqu’à étouffer moralement notre prestige et la liberté de nos mouvements. C’est pourquoi, comme l’Angleterre, notre tendance naturelle et instinctive doit être d’encourager l’effort des peuples de second ordre, de les grouper vers l’unité directrice et de les incliner à la formation de vastes ligues, qui paralysent toute hégémonie d’un Etat continental plus fort,