— 145 — ne sont rien et ils sont tout : rien, s’ils reposent sur la violence ; tout, s’ils s’harmonisent avec la nature et s’ils forment l’explication de la vie nationale dans le droit public et privé ». La définition tant de fois citée au milieu des débats de la Diète Dalmate ne saurait vieillir ; elle n’a pas une seule ride. Mais tout dépendait de la manière dont elle serait appliquée à un corps affaibli depuis tant de siècles par le divorce entre le droit historique et le droit national et par plus de cent ans d’engourdissement social et spirituel. Il fallait du tact et de la mesure. Les hommes nouveaux auraient dû méditer la profonde analyse faite par Mazzini : « Confondre l’excès d’un principe avec le principe lui-même, c’est une folie, commune souvent, et dans la même proportion, à celui qui nie et à celui qui affirme. Les uns soupçonnent qu’une première conséquence les entraînera jusqu’où ils ne veulent pas aller ; aussi, ils s’obstinent dans une négation complète ; ou, pour mieux combattre le principe, ils le violentent et en tirent une conséquence extrême ; ensuite ils se persuadent que le principe et cette dernière conséquence sont tout un. (Tel fut précisément le cas des libéraux-autonomistes, quand ils s’écrièrent : « Nous ne voulons pas être Croates »; ce que personne ne leur avait jamais demandé). Les autres, peut-être ennuyés d’être obligés de conquérir lentement et au prix de contestations 10