— 184 — passions s’apaisèrent. Une génération nouvelle mit en oubli les luttes ardentes qui, à Zara surtout, ont sévi entre 1880 et 1900. Elle ne voulut se souvenir que de l’âge d’or, où, entre 1860 et 1866, les Pères du Risorgimento formulaient avec une noble éloquence, non seulement les droits de la nation, mais aussi leur respectueuse gratitude envers une culture qui peut et qui doit continuer son rôle salutaire d’incitatrice et de fidèle compagne de la pensée yougoslave. Mais comment aurait-on pu douter de la possibilité d’une entente entre la minorité italianisante et la majorité slave ?Aucun élément étranger ne se glissait parmi les fils de la même nation. Divisés non point par un abîme ethnique ou politique, mais par un simple malentendu désormais sans signification devant la rapide maturité de la conscience nationale yougoslave, les frères dalmates se trouvaient sur un terrain déblajré. En Dalmatie, pas d’irrédentisme italien ; cette plante, nous l’avons vu, n’a jamais pu prendre racine sur le sol dalmate, voilà le fait primordial, le fait dominant. Ce fait décisif, —appuyé par d’innombrables témoignages — traçait la voie à l’entente. Donc, toutes les concessions — compatibles avec l’absolue souveraineté nationale slave — pouvaient et devaient être faites pour rendre hommage à la culture italienne aimée et même vénérée dans les pays dalmates. Parmi les nombreux exemples de ces dispo-