— 82 — une fois l’intuitive et large pensée de la vieille nation latine lorsque celle-ci n’avait pas eu encore son horizon resserré et les ailes coupées par la méthode et par l’idéologie des philosophes et des parvenus allemands. La guerre de 1848 n’a pas réalisé les espérances que beaucoup de gens avaient placées en elle. Mais l’essence de la guerre, la force motrice, l’idée mère qui, paradoxalement, donnait aux Slaves l’aspect de champions de l’absolutisme, et aux Hongrois oppresseurs celui de paladins de la liberté, cela n’a point péri dans la marée d’absolutisme qui succéda à la grande commotion nationale. Il faut du discours de Cavour pénétrer à fond l’essence, qui, vraie en 1848, ne peut pas ne pas l’être en 1917. Peut-être, si l’autocratie russe de Nicolas 1er n’avait pas puissamment contribué à réfréner la Révolution, la Monarchie des Habsbourg aurait-elle pu surmonter la crise ; et peut-être le despotisme ne se serait-il pas abattu sur ceux qui combattaient pour une liberté fictive et sur ceux qui luttaient pour le bien suprême de l’homme : la langue maternelle. En tous cas, on ne peut juger la réaction de 1850 d’après les principes d’aujourd’hui ; et, de même, les Croates et leurs frères slaves n’ont pas à s’accuser d’avoir, fût-ce indirectement, favorisé une recrudescence de l’absolutisme. Apprécier les faits historiques d’après les consé-