— 47 — d’une manière si admirable se complètent l’un l’autre ; union fondée sur cette compréhension et sur ce besoin de se compléter et de se respecter réciproquement. Les Italiens, en Tommaseo, glorifient le grand penseur et le génial écrivain et, plus spécialement, le maître incitateur de formes nouvelles et de nouvelles et imprévues attitudes d’esprit. Mais les Slaves du Sud, entre la Drave et l’Adriatique, voient en lui bien davantage : le plus grand héraut de leurs espérances et le représentant le plus qualifié de leur pensée près des peuples occidentaux, sous les auspices de l’Italie, toujours ignorante du sens profond d’une telle médiation. Un pareil rôle ne pouvait, dans son étendue entière, être rempli que par un homme attaché comme Tommaseo, et par toutes les fibres secrètes de sa personnalité, au sein maternel de la Dalmatie slave. Il fut un des promoteurs de l’idée illyrienne. Il entretint une correspondance assidue avec les chefs de ce mouvement, avec Gaj, avec Ku-kuljevitch, avec Babukitch, avec Stanko Vraz. De Venise (31 octobre 1841), il écrivait à Gaj : «Les aimables exprëssions que Vous employez à mon égard et dont l’ami Popovitch a bien voulu se faire l’interprète, ont éveillé dans mon cœur le vif désir de Vous voir et de m’unir à Vous de toute mon âme. Je saisis avec joie l’occasion de Vous exprimer tout mon respect,