— XX — La Balkanie est une presqu’île comme l’Italie et l’Espagne ; elle n’a pu — par un concours de fâcheuses circonstances historiques — atteindre jusqu’à présent à sa pleine évolution politique, mais ce n’est pas une raison pour lui contester un caractère particulier, une nature propre et, malgré les couches superposées de civilisations étrangères, une mission à part, une raison d’être qui n’a rien de commun avec la nature, la mission et la raison d’être de la péninsule italienne ou ibérique. Les 500 kilomètres de côte orientale de l’Adriatique avec l’ar-rière-territoire de cette côte, qui varie de 66 à 2 kilomètres en profondeur et qui touche à la Croatie, à la Bosnie-Herzégovine et au Monténégro (trois pays serbo-croates) ne sauraient être étudiés isolément. De même que ce rivage et cet arrière-territoire forment un complément géologique et géographique de la presqu’île slavo-hellénique des Balkans, complément qui, loin d’être un appendice du système orographique de la péninsule italique et d’en être dominé, domine, au contraire, celle-ci, tout en étant séparé d’elle par une mer — la mer Adriatique — de même au point de vue politique et national cette côte et cet arrière-territoire forment un seul tout avec les pays slaves limitrophes. Sans ces pays, ils ne sont rien et personne n’en saurait comprendre l’existence ni la raison d’être. Avec ces pays, ils sont tout. Ils représentent une page glorieuse, mouvementée, décisive des