- 201 - déclarations bien expressives furent ensuite démenties par l’attitude que prit le parti autonomiste et par Bajamonti vers la fin de sa carrière politique, elles demeurent cependant une irréfutable preuve de la véritable orientation des esprits en Dalmatie. On y voit la spontanéité et la priorité des manifestations communes à tous les partis. Contre elles, le gouvernement mobilisa tout son appareil bureaucratique. Après avoir persécuté le parti national slave, plusieurs fois accusé de haute trahison, il ne trouva de tranquillité que lorsqu’il eut fait rentrer dans les rangs de sa fidèle majorité l’enfant prodigue de Spalato, coupable de rêves panslavistes et d’intrigues libérales nouées avec le parti slave abhorré.1 1 En novembre 1880, à la suite d’une bagarre entre civils et militaires, le cabinet Taaffe prononça la dissolution du Conseil Municipal de Spalato. Il n’en était que grandement temps. Débordé de tous côtés, anxieux de ressaisir son autorité chancelante en exagérant le néoitalianisme du parti autonomiste, ce qui le perdait définitivement aux yeux de ses propres électeurs municipaux, luttant avec des difficultés financières toujours croissantes, Bajamonti n’était plus qu’un vivant anachronisme, une épave politique. Il s’était de plus en plus inféodé au parti qui, à Vienne, sapait le régime favorable aux Slaves et s’évertuait pour ramener la Monarchie aux beaux jours du centralisme schmerlinguien. Allemands d’Autriche et Italiens de Dalmatie marchaient la main dans la main. (Ce phénomène, d’ailleurs, n’est pas isolé. A Gorice, ce