— 294 — Celui-là, par contre, moins il est mauvais, plus il adoucit et, avec le temps, rive les chaînes étrangères.1 Et nous répondrions avec Ma-nin, qui, aux promesses libérales faites par l’Autriche, répliquait qu’il ne demandait rien sinon qu’elle sortît de Venise. — Aux suggestions de l’Autriche, le peuple dalmate, n’a pas autrement répondu. Certes, la monarchie danubienne a, jusqu’à un certain point, respecté sa langue. Elle a administré la justice avec équité. Elle a fait miroiter aux yeux du peuple un épanouissement plus intense de son individualité politico-historique moyennant une union plus intime avec la grande famille serbo-croate. Néanmoins tout le mouvement national — depuis l’Ulyrisme jusqu’aux radieuses journées de Kumanovo — prouve de toute évidence que le peuple dalmate, ainsi que la nation serbo-croato-slovène tout entière, loin d’avoir succombé aux manœuvres d’un gouvernement « stupide et méchant » (paroles de Mgr. Strossmayer au Comte Kalnoky), qui d’une alliance quasi-fédérale forgea un instrument d’oppression et d’exploitation, a toujours et obstinément caressé le rêve de son émancipation finale. — En tout cas, quoique libérale et démocratique de sa nature, l’Italie, fatalement et bien malgré elle, devrait inaugurer, dans les provin- 1 Sommaire de l’Histoire d’Italie. 105.