— LXX — coloniale, alors que Venise ne combattait que dans une pensée d’assurance maritime et continentale, contre les risques de sa carrière exotique et commerciale. C’est dans ce sens que le duel du Moyen-Age et le problème des temps modernes se ressemblent: unification (politique et nationale) contre conquête (commerciale et stratégique). Pour Venise, la Dalmatie était une bande de terre insignifiante, un peuple étranger, indifférent. Ce qui à ses yeux justifiait l’âpreté de la lutte, c’était la possession de quelques présides d’où elle pourrait dominer les voies maritimes et évincer ses rivaux et ses concurrents. L’affaiblissement voire même la disparition du royaume fédéral issu du pacte hungaro-croate, était, par conséquent, au premier plan de ses désiderata politiques. Pour la Hongrie, au contraire, la conquête de la Dalmatie, était un but en soi, la reprise d’une action étatique qui n’avait changé que d’acteurs, mais qui se poursuivait toujours dans le même cadre historique et national. De cette lutte dramatique et unique dans les annales de l’Europe nous allons retracer chronologiquement et pragmatiquement les points saillants : Ire Guerre: 1115. Le doge Ordelafo Falier s’empare de Zara, Traù et Spalato. lime Guerre : 1115. Les Vénitiens s’empa-