— 242 — évidemment, ignoré la nature complexe de la Monarchie des Habsbourg. — Les informations dont on disposait alors représentaient la Dalmatie comme une région habitée par une population mixte, sans caractère national tranché, sans continuité territoriale avec les autres régions balkaniques et danubiennes. Celles-ci pourtant, et tout le monde aurait dû le savoir, ont été pour elle un immense réservoir de force et de vitalité ; et la Dalmatie, à son tour, a exercé sur leur développement moral, intellectuel et politique une profonde influence. L’acte dont on parle — s’il avait été conclu — serait un de ces tristes épisodes de l’impréparation de l’Europe, une nouvelle preuve de la fatale ignorance locale et générale des problèmes nationaux, ignorance qui existe dans certains milieux européens, impréparation qui est, pour la coalition européenne, une cause de faiblesse devant les sophismes des Empires Centraux. Mais l’exposé du véritable état des choses contenu dans les pages précédentes dissipera, il est permis de l’espérer, les ténèbres qui, pour le malheur des temps, enveloppaient la glorieuse province, mère de la pensée nationale des Slaves du Sud. Des accords conclus à l’encontre du principe national en vertu duquel les nations civilisées possèdent au plus haut degré le droit de disposer de leurs destinées, c’est-à-dire en opposition avec l’état réel des choses, ces