— XXXVI — les épidémies asiatiques (surtout celle de 1348) contribuèrent puissamment à l’extinction presque totale des familles romanes. Le patricial de Raguse au XVIIme siècle, en opposition aux humanistes au XVme siècle, a la conscience d’être slave el il le dit ouvertement. (Voir les célèbres chroniques de Mauro Orbini et de Giacomo Luccari). La domination romaine en Dalmatie n’a donc laissé que les traces d’une brillante civilisation et quelques souvenirs dans une partie de l'aristocratie dalmate jusqu’aux temps modernes. Le long de la côte, même après la prise de possession par les Slaves, on parla un idiome roman qui n’exerça jamais aucune influence sur la culture dalmate et qui faute d’aliment spirituel s’éteignit dans un monde qui ne le comprenait plus. Cependant l’esprit de la romanité descendit sur les Slaves, c’est-à-dire le pnunicipalisme, le penchant à luccidentalisme et à la culture latine, comme inspiration et programme de l’esprit, quoique fortement battu en brèche par la nouvelle sève slave et par les influences orientales. Au fond, ce fut un levain qui donna à la nationalité slave du pays le goût des belles choses, le sens de l’Humanisme et l’esprit civique. Venise ne fera rien de plus. Si elle avait trouvé un élément latin dans le pays, elle l’aurait italianisé (avec une nuance de vénétianisme). Mais elle trouva un peuple slave réfractaire à la latinisation, et elle s’en désintéressa.