— 73 — trône des Habsbourg. Il n’y avait plus d’autre ressource. Plus qu’évidente était la nécessité historique. Une dernière fois, l’Empire utilisa pour ses intérêts la thèse médiévale proclamée par Dante. En recourant à l’empereur, on croyait trouver pour les aspirations nationales une protection réelle, un port tranquille. Une lois encore, l’Empire était considéré comme un arbitre impartial, un manteau pareil à ceux des Madones de Sienne et de Florence qui rassemblaient le peuple des deux sexes groupé et priant sous un voile parsemé d’étoiles d’or. Aujourd’hui encore, cette lutte contre les Magyars est un enseignement de la plus haute importance. Cet enseignement proclame qu’il n’y a pas de libéralisme véritable là où l’on médite la mort d’une nation, l’asservissement d’un peuple, l’attentat contre le principe de nationalité, qui est le pivot de toute existence, le fondement et la raison d’être de toute liberté. En quoi importait aux Croates, aux Serbes et aux Roumains la lutte « libérale » hongroise contre le despotisme de la Maison d’Autriche si cette libérale Hongrie se proposait cyniquement et commettait en effet un attentat sur l’âme des nations qui lui avaient accordé leur confiance comme des associés et des confédérés, non pas comme des serfs ou comme « matériel humain » de colonisation ? Discernant avec exactitude les forces qui composent la vie et qui assurent le progrès d’un peuple, la Croatie