— 72 — tion de notre jeunesse padouane au mouvement national avant 1860. La jeunesse dalmate avait fait honneur aux paroles de Tommaseo : « Soyez Illyriens ! » La guerre de 1848, menée par les Croates et par les Serbes contre la marée magyare envahissante que dirigeait et canalisait le renégat slovaque Kossuth, fut la sanglante synthèse de l’Illyrisme. Loin de nous la pensée de refaire, même dans ses grandes lignes, l’histoire de ce célèbre conflit slavo-touranien, auquel le ban de Croatie donna, en latin, une audacieuse devise : Regnum regno non praescribit leges. » Je me bornerai seulement à constater que les mouvements de Zagreb et de Padoue et les appels qui retentissaient sur tout le territoire, de la Drave et du Danube jusqu’à l’Adriatique, rendaient inévitable cette guerre. Le sang est le ciment des nationalités. Le sang coula d’abord à Zagreb, en 1845, lorsque l’agitation du peuple fut étouffée par le ban Haller. Ensuite, dans les champs de la Hongrie et sous les murs de Vienne, après que Jellatchitch eût passé la Drave avec ses Croates, pour dissiper le rêve toura-nien d’une Hongrie désormais séparée de la civilisation universelle et poussée à l’abîme des haines de races et des hégémonies du type asiatique. Exaspéré par les débuts de la tyrannie hongroise, angoissé et perdu dans l’universel despotisme européen, le sentiment national des Croates et des Serbes, se resserra autour du .