- i78 - de l’italianité dalmate est, au contraire, une preuve paradoxale du slavisme de la Dalmatie. En effet, les élèves italiens se recrutent, pour la plus grande partie — c’est triste de l’avouer — parmi les enfants croates et serbes pauvres, dont les familles sont alléchées par les dons en nature (vêtements, objets domestiques, etc.) et par des subsides pécuniaires. Ces familles consentent à envoyer leurs enfants dans les écoles de la Ligue Nationale italienne et de la Dante Alighieri, pour obtenir des avantages matériels et afin de faire apprendre à leurs enfants « une langue de plus ». Cependant, hors de ces écoles, les élèves parlent entre eux exclusivement le serbo-croate. Par contre — détail caractéristique et suggestif, — beaucoup de familles vraiment italiennes d’origine et de sentiment (il y en a une petite centaine en Dalmatie) envoient leurs enfants aux écoles populaires serbo-croates se montrant ainsi conscientes des réalités, de la gravité de la situation et de l’inutilité de leur geste dantesque \ M. Barzilaï avait bien raison de semoncer affectueusement les irrédentistes adriatiques en 1 Dans la session de la Diète de 1903, M. Trumbitch député de Spalato, produisit une liste des noms des élèves fréquentant la Ligue Nationale, à Spalato. De cette liste, il résulte que les élèves s’appelaient Duplancitch, Trumbitch, Razmilovitch, etc., etc. ; tous fils de pauvres familles slaves des faubourgs de Spalato.