— 76 — gnes indécises d’une terre mal connue et sus-pecte ; comme si ce mouvement était une chose nouvelle, artificieuse, sans précédent, une ténébreuse conspiration condamnée à disparaître dans l’abîme des combinaisons extravagantes et baroques, entre un royaume d’Etrurie et un royaume de Westphalie. Mais les Italiens de 1848-49 comprenaient ; et Mamiani écrivait à Minghetti que, si le gouvernement sarde avait envoyé des commissaires en Croatie « pour établir avec ces peuples de bonnes relations de voisinage et d’amitié, Pie IX aurait expédié des lettres de créance au personnage qui se serait mis en route chargé d’une telle mission par Charles-Albert ».1 Tommaseo ondoie devant la tempête. Entre son instinct anti-autrichien et libéral et le sentiment de justice qui le pénètre tout entier et l’affection qu’il porte au monde slave tiré de l’obscurité et acheminé vers un meilleur destin, il hésite indécis. Tantôt il prend parti pour les Croates, tantôt pour ceux qui ont écrit sur les boucliers le grand mensonge de la guerre à l’Autriche accompagné de l’oppression des peuples chez eux. « Vraiment — écrit-il en 1850 — les Magyars ont exercé sur les Croates une longue et incorrigible tyrannie. » 2 « Quoi- 1 Correspondance de Tommaseo avec Capponi, II. 665. 2 Second Exil I, p. 66.