— 113 — et de tout le Midi, M. de Voïnovitch continuait ainsi : « De là, cette conséquence : il serait aussi fatal à la Dalmatie de faire à la culture italienne, pour la supprimer, une guerre ingrate et réprouvée que de donner à cette culture un rôle favorisé et prépondérant, en en faisant un obstacle ou plutôt un élément hostile au développement national du pays. Bien plus, nous le répétons, cette dernière tentative provoquerait inévitablement une réaction mortelle contre l’italianisme chez nous. Nous avons démontré1 que la culture italienne, par la force tyrannique des événements, s’est engagée, depuis quatre siècles et demi, sur cette pente fatale. Elle a envahi les écoles, l’administration, la justice, les églises, les théâtres, en un mot notre vie civile et sociale toute entière. Elle a détourné la Dalmatie de sa vocation nationale en faisant de renseignement civilisateur, si maigre et si pauvre qu’il fût, un monopole à l’usage de ceux qui parlent l’italien. Cet état de choses doit cesser peu à peu, si l’on ne veut pas provoquer, dans un très bref délai, contre l’italianisme, une réaction non moins violente que celle qui a prévalu en Italie contre le gallicisme, vers la fin du dix-huitième siècle et qui trouva son expression la plus excessive et la plus terrible dans le Misogallo d’Alfieri. Nous n’en voyons que trop les signes précur- 1 Dans la première partie de cet écrit. 8