— 289 — impréparation de la mentalité irredentiste en Italie. « La répugnance pour la réalité — écrivait le pénétrant observateur — l’amour du confus, de l’évanescent, de l’indéfinissable, reste encore la caractéristique de la mentalité séparatiste regnicole et julienne.1 Elle se refuse aussi à examiner le facteur ethnique. En cela, elle subit toujours la trompeuse influence de la phraséologie des politiciens juliens. Ceux-ci, après avoir, pendant quarante ans, dépeint la région julienne comme une autre Venise, aujourd’hui, ne pouvant plus dissimuler l’existence du slavisme, sont amenés à une simplification à rebours. Ils représentent le slavisme comme un second Attila, qui serait sur le point d’engloutir tout vestige d’italianité »... Et encore, s’il n’y avait que cela ! A l’ignorance ajoutez l’inextinguible rancune des autonomistes dal-mates, soutenus et stimulés par la rancune de leurs frères triestins. Les uns et les autres craignent spécialement que, par suite de la formation d’un Etat yougoslave entre l’Adriatique et le Danube, Trieste n’en arrive à perdre toute son importance économique. Cet amalgame de deux rancunes a empoisonné le personnel poli- 1 La Vénétie Julienne (Gorice, Trieste, etc.) Vivante ne s’occupe pas de la Dalmatie, qui, selon lui, ne peut, sous aucun aspect, être considérée comme partie du problème italo-slave, ni comme appartenant à un programme possible de revendications nationales. 19