— i3a — pouvait réussir à l’endoctriner, chose d’ailleurs impossible, le peuple jamais ne commencerait une révolution. Mais il suivra les hommes de la classe moyenne, quand ceux-ci voudront bien l’avoir avec eux.1 Et soixante-dix ans plus tard, un membre du cabinet italien actuel, M. Ivanoe Bonomi, n’hésitait pas à dire qu’aujourd’hui encore « ceux qui ignorent ce processus historique s’étonnent quand, dans les riches bourgades de la plaine padouane, ils entendent des paysans socialistes manifester la plus complète indifférence pour les destinées de la patrie2 ». Donc, il serait absurde et injuste d’exiger du peuple dalmate ce qu’on ne pouvait équitablement réclamer du peuple italien : de commencer un mouvement et de montrer qu’il s’était, par ses propres forces, élevé à l’entière conscience de soi-même. Mais, néanmoins, nous pouvons hardiment affirmer qu’aucun peuple n’aurait, autant que le peuple dalmate, si vite 1 Mazzini ; cité id. p. 184. 2 Lire son article suggestif : « Le socialisme italien et la guerre », dans le numéro du 20 juin 1916 de la Nuova Rassegna. Là encore, il est dit : « En 1848, les libéraux italiens se plaignaient de l’hostilité des paysans, lesquels composaient la formidable réserve de la contre-révolution. Les mémoires de Qaribaldi constatent plusieurs fois qu’il a toujours rencontré ses partisans dans les villes ; jamais dans les campagnes... La révolution était accomplie par la ville, et subie par la campagne. »