— 79 — « Quoi qu’il en soit, peu après le triomphe de la cause libérale à Vienne, le mouvement slave commença à se manifester ouvertement dans l’Empire. Jusqu’au mois d’avril, les habitants de la Bohême, la branche la mieux douée de la famille slave, s’efforcèrent de se délivrer de la prédominance germanique, d’établir à Prague un centre auquel pût se rattacher tout le slavisme. « Cette généreuse entreprise échoua : tous les partis de Vienne s’unirent pour paralyser le mouvement tchèque. La malheureuse ville de Prague voulut recourir à la force ; mais, après une lutte désespérée, elle fut vaincue, bombardée, mitraillée et soumise au joug militaire, qui était encore en vigueur il y a peu de temps. « Réprimé par la force brutale dans le Nord de l’Empire, le mouvement slave s’est, plus vigoureux, plus menaçant, plus puissant, déployé dans le Midi, dans les provinces danubiennes, habitées par les Slaves-Croates. « Je n’examinerai pas ici les motifs et les protestations qui provoquèrent la guerre de la Croatie contre la Hongrie. Je ne veux pas descendre dans les détails de la grande lutte qui met ardemment aux prises les Magyars et les Slaves. Je rappellerai seulement à la Chambre que les Magyars, nobles et généreux quand ils défendaient les droits de leur nation contre la prépotence impéxiale, se sont toujours montrés d’orgueilleux et tyranniques oppresseurs envers