— 29 — tendre son tempérament revêche, entêté, rude. Et il me semble que le symbole le plus éloquent de cette individualité persistante à laquelle, comme nous le verrons, rendirent hommage toutes les classes du petit pays, se voit dans le paysan dalmate qui, « depuis vingt ans et plus qu’il est ici — écrivait Tommaseo à Capponi de Venise — n’a pas encore appris l’italien, mais dont le cœur est prêt à n’importe quelle preuve d’affection ». Ce paysan, le grand homme le garda près de soi, parmi les soucis politiques que lui donnait Celle qui n’était pas sa véritable patrie. Je ne veux pas nier, ni non plus diminuer l’importance de ce fait, que, le long de la côte dalmate on parlât un dialecte latin, remplacé ensuite par l’italo-vénitien. Oui, on parlait l’italien, et on le parle toujours. Le vieil idiome romanique se parlait sur le littoral dalmate bien avant Venise. Après qu’il eut disparu, et même un peu auparavant, il fut remplacé par le vénitien, au nord de la Narenta, pendant qu’à Raguse, indépendante de Venise, il subsistait encore dans certains actes judiciaires jusqu’au XVIme siècle. Alors, dans les milieux très cultivés, il céda la place au toscan qui, parlé avec élégance, fut toujours, jusqu’au début du XIXme siècle, très mal écrit. Ainsi, un historien dalmate, Sperato Nodilo, critiquant les Chroniques Ragusaines de Resti, a